lundi 28 avril 2008

à paraître

En dehors d'être malade (c'est toujours pas brillant de ce point de vue), les moments difficiles dans la vie des chanteurs c'est de recevoir un disque qu'on a fait, comme je l'ai déjà dit.
Eh bien voilà - celui-là il tombe bien : on m'a donné vendredi dernier mon dernier disque. Je l'ai écouté hier et je le déteste, je me déteste dessus. Evidemment ce n'est pas objectif mais j'ai la sensation que je ne suis en plus pas aidé par la prise de son.
Alors voilà : non seulement je suis malade mais j'ai entendu sur ce disque un mec dont je déteste la manière dont il chante - tout ça, pour se préparer à l'audition de demain, c'est idéal !
Argh, en un mot...

jeudi 24 avril 2008

je ne voudrais pas céder à la panique...

mes cordes vocales, hier
(oui, moi aussi je trouve ça répugnant)

... ce n'est pas mon genre de céder à la panique, non non...
Mais je suis malade depuis près d'un mois maintenant et non seulement j'en ai marre, mais surtout j'ai vraiment besoin d'être en forme.
J'imagine que c'est pareil quand on est sportif et qu'on a une petite douleur dans la cuisse - quand on est chanteur et que la voix ne va pas comme d'habitude et vous joue des sales tours, c'est le grand flip assuré :
"est-ce que je retrouverai jamais l'usage complet de ma voix ?",
"est-ce que je dois annuler une audition super importante que j'ai la semaine prochaine ou y aller en risquant de me gaufrer et de passer pour un manche ?",
"est-ce que je dois chanter quand même, pour remuscler les cordes vocales, ou me taire, pour récupérer ?"...
Alors voilà : je nage dans ces questions depuis plusieurs jours. Le rétablissement est long et lent et mon ORL m'a mis sous mon quatrième traitement en un mois parce que la trachéite (une maladie aussi chiante et bénigne pour n'importe lequel d'entre vous que la petite douleur dans la cuisse pour moi...) ne veut vraiment pas partir, et m'a dit que les cordes étaient en bon état mais que la toux les fatiguait - alors quoi ?...
Je sais que c'est con de vivre sa vie uniquement autour de ses cordes vocales, mais je n'arrive pas à faire autrement, surtout ces temps-ci...

mardi 22 avril 2008

gourmandise

Aujourd'hui dans le métro j'ai vu une jeune femme lire avec gourmandise un livre. Elle venait visiblement tout juste de l'acheter (La Fêlure, de Francis Scott Fitzgerald), et on sentait dans sa manière de tenir le livre, de le toucher, d'en lire avidement les premières pages - qu'elle n'en pouvait plus de désir, que ce livre était l'objet le plus cher à ses yeux en cet instant, et qu'elle se réjouissait d'avance du plaisir qu'elle pensait y trouver.
(Il faut dire au passage que c'est purement génial, Fitzgerald : j'avais pris il y a quelques années un plaisir fou à lire un recueil de nouvelles, Un Diamant gros comme le Ritz, très bien constitué et annoté, dans une édition truffée de fautes de frappe...)

Ca me rappelle un jour où, dans un café du Marais, j'avais vu un jeune mec commencer à lire La Chartreuse de Parme de Stendhal - là aussi un de mes grands grands bonheurs littéraires. J'enviais ce garçon qui ne savait pas quel plaisir fantastique qu'il allait avoir (enfin j'espère - ça a peut-être été un pensum pour lui...), et j'avais envie d'aller lui dire "mon garçon, tu vas t'en mettre jusque-là de bonheur avec ce livre".

J'aime tellement les livres que j'aimerais pouvoir convaincre ceux qui ne lisent pas de le faire. J'avais entendu un jour Hubert Nyssen, le fondateur des Editions Actes Sud, dire qu'il avait choisi le velin de ses éditions d'une douce couleur crême pour le confort des yeux et "doux comme une peau de fesses" - eh bien pour moi c'est ça le livre : d'abord et avant tout la jouissance physique et intellectuelle de le désirer, de tenir l'objet, d'en caresser les pages, de l'aimer d'abord avec l'oeil, avant même de commencer à le lire. Et puis de me faire embarquer par ce qu'il y a dedans...


Francis Scott Fitzgerald, Un Diamant gros comme le Ritz, Robert Laffont "Bibliothèque Pavillons" ; 826 pages, 11,90€
Stendhal, La Chartreuse de Parme

dimanche 20 avril 2008

petit Lapin...


Vendredi, j'ai amené mes petites cousines à l'expo consacrée au "Zizi sexuel" à la Cité des Sciences.
Cette expo est vraiment très bien faite, rigolote et claire.
Je savais la plupart des choses (...) - mais j'ai quand même appris au moins ça : que le Lapin était aussi un symbole sexuel (j'ai pas dit un sex-symbol) : merveilleux, non ?!

vendredi 18 avril 2008

la main dans le plat

Cette discussion, hier midi, avec Katleen, la soeur de ma filleule, avec qui elle est venue passer quelques jours en vacances chez moi :
"Tu as des cure-dents ?
Ah non, désolé...
Ben comment on va faire pour prendre les batonnets de carottes ?
On se lavera les mains avant et on les prendra dans le plat, c'est tout simple !
De toute façon, on n'a pas la gale..."

dimanche 13 avril 2008

Lapin galeux

Depuis que j'ai sept ou huit ans, quand quelqu'un ne veut pas boire dans la même bouteille que moi ou me faire une bise pour me dire bonjour je dis "j'ai quand même pas la gale".
Eh ben voilà : comme il y a quelques temps, encore une autre expression d'enfance qui vole en éclats - j'ai bel et bien la gale, comme me l'a certifié la dermato consultée jeudi. Un petit cadeau laissé, à son corps défendant, dans le lit par un ami hébergé il y a trois semaines.
Puisqu'il vaut mieux en rire (ce qui est particulièrement difficile pour moi en ce moment...), rions un peu -
La gale est "un parasite microscopique qui provoque des lésions cutanées", me dit la notice de mon désinfectant antiparasitaire (qui m'apprit aussi qu'existaient des poux de tête, des poux de pubis et des poux de corps : moi, quand j'avais des morpions le médecin les avait appelés poux de corps, c'était moins répugnant) - ben ça merci : j'ai plus de peau, mais plutôt un corps entièrement gratté et rouge vif, conséquemment. Je vous passe les détails sordides - les mains et les cuisses, par exemple.
J'ai aussi appris que "le mâle vit à la surface de la peau tandis que la femelle creuse un sillon sous la peau, dans lequel elle dépose ses oeufs" : encore une race où les mecs sont des feignasses et se la coulent douce devant la télé pendant que madame bosse - mais quand même, la nature est bien faite : même cet animal qui ne sert à rien sauf à faire se gratter les bonnes gens a une organisation familiale. J'en reste sans voix (ça aussi c'est d'ailleurs plutôt vrai en ce moment).
Paraît aussi, m'a dit Bénédicte, que les chats attrapent la gale comme qui rigole. Mais ça fait rire personne.

Blague à part : j'ai longtemps cru que la gale était la maladie des gens qui avaient une hygiène moyenne et qui vivaient dans des endroits borgnes. Ebé non : l'attraper d'un de mes amis m'a, outre tout ça, permis d'apprendre que des gens très propres comme ma mère, et plusieurs de mes amis, l'avaient aussi eue, et que c'est une maladie aussi peu honteuse que les poux - les bons poux de tête que les enfants ramènent de l'école...
Normalement mes bestioles sont mortes (je me suis enduit d'une substance visqueuse du meilleur effet pendant une nuit entière pour ce faire) - qu'elles reposent en paix, mais ailleurs que sous ma peau. Je me gratte encore, mais je ne suis plus contagieux.
Ouf !

samedi 12 avril 2008

docteur

Hier, Stéphanie est devenue Docteur en Musicologie, avec les félicitations du jury.
Elle venait, les deux heures et demi précédentes, de soutenir une thèse sur la musique pour enfants en langue drehu, sur l'Île de Lifou, en Nouvelle-Calédonie.
J'ai longtemps cru que je ne connaîtrais jamais aucun docteur, que c'était réservé à une telle élite que je ne pourrais jamais l'approcher.
Eh bien j'ai deux docteurs dans mon entourage, Laurent, docteur en Histoire, et maintenant Stéphanie - et plusieurs doctorants, dont Aurélie, qui m'a offert mardi dernier sa première publication, dans les actes d'un important colloque !, Marc, Rondy, et bien entendu Andesmas.
Je suis admiratif : bien entendu c'est un travail tellement précis et fouillé qu'il suscite l'admiration, évidemment. Comment peut-on se passionner pour un sujet gros comme une tête d'épingle au point d'y engloutir sept ans de sa vie? et surtout - comment y survit-on ? quelle vie a-t-on de reste quand on doit faire tout ça, chercher, vérifier, recouper, lire des wagons de livres le plus souvent illisibles, et puis ensuite synthétiser, proposer, écrire, écrire encore et encore (600 pages, ma petite Stéphanie que j'ai connue il y a presque 20 ans, avec qui j'ai donné des concerts il y a quinze ans, que j'ai tenue dans mes bras quand elle n'allait pas et inversement - et qui parle maintenant de paradigmes comme moi d'horaires de trains)...
Moi qui ne lis que des romans, qui n'ai même pas fini ma maîtrise de Lettres (parce que j'ai trouvé du boulot, et qu'après mes pas sont allés ailleurs) et qui serais bien incapable de cette somme de travail - je suis fasciné, et impressionné.
Bon courage, gentil nouveau docteur, et bon retour en Calédonie !

vendredi 11 avril 2008

comme un bras de femme

Il n'y a pas de hasard...
Il y a quelques mois, alors que nous préparions un programme de récital avec Bénédicte, nous avions décidé de travailler intensivement quelques jours à Royan, fin août. Préparation intensive à la hauteur de la difficulté d'un des cycles choisis, les Histoires Naturelles de Ravel, qui se compose de cinq mélodies, sur des textes en prose de Jules Renard : le paon, le grillon, le cygne, le martin-pêcheur et la pintade.
La veille de commencer ce stage intensif travail-plage, j'étais à Nancy. Et ne voilà-t-il pas que, me promenant dans le parc municipal, j'entends et je vois... des paons - des paons qui faisaient "Léon", comme dans Ravel !

Nous allons reprendre ces Histoires dans un récital à Angers début mai - et voilà-t'il pas qu'en vacances sur les bords du Léman la semaine dernière (c'est très chic dit comme ça, mais j'étais chez un copain, on piratait le wifi du voisin pour avoir internet et on a mangé des pâtes et des gâteaux pendant trois jours...), je croise ce cygne. Dans Jules Renard et Ravel, on nous montre un cygne qui "glisse sur le bassin comme un traineau blanc" et qui essaie de manger les nuages reflétés dans celui-ci. Et il y a cette phrase merveilleuse : "il plonge tout à coup son col vêtu de neige. Puis, comme un bras de femme sort d'une manche, il le retire - il n'a rien".
C'est le spectacle auquel ce cygne suisse m'a convié, lundi dernier, sur le bord du Lac.

jeudi 10 avril 2008

dans la Lune

J'ai eu la chance d'assister hier soir au Théâtre de l'Athénée à la Générale de L'Autre Monde ou Les Etats et Empires de la Lune, de Cyrano de Bergerac, adapté, mis en scène et interprété par Benjamin Lazar.
Benjamin Lazar est très loin d'être un inconnu. J'ai eu la chance de travailler avec lui (et de découvrir ses yeux que nul n'oublie plus jamais...) avant qu'il soit la jeune star du théâtre baroque restitué qu'il est devenu avec sa version unanimement célébrée du Bourgeois Gentilhomme de Molière, puis son magnifique Sant'Alessio de Stefano Landi, avec Les Arts Florissants. S'il est une star, portraituré dans Télérama cette semaine ou magnétophonisé par France Inter le mois dernier, Benjamin n'en reste pas moins un garçon d'une discrétion et d'une gentillesse tellement grandes et sincères que, rien que pour ça, il mérite le beau succès qu'il a... Un homme veut aller voir si la lune n'est pas un monde en elle-même et use de divers stratagèmes pour y grimper. Il tombe dans un monde où on le prend pour la femelle de l'animal de compagnie de la Reine de la Lune, et y vit des aventures et des rencontres passionnantes, drôles ou stimulantes.
Tout ça repose sur un seul homme : Benjamin Lazar, seul en scène (avec deux musiciens qui ponctuent le texte de quelques pièces et de bruits) pendant une heure et demi. Ce qui est fascinant, c'est sa capacité à investir l'espace et à utiliser le si peu de mobilier à sa disposition pour en faire un monde - une chaise devient ainsi une machine volante, et un escabeau une cage... l'imaginaire est à la fête dans ce spectacle, qui démontre superbement que la prononciation restituée du français ancien et la gestuelle baroque ne sont pas, comme on l'entend encore beaucoup (enfin moi, qui suis dans ce monde-là), une afféterie ou une simple mode. Mais bien une belle esthétique, sensible et délicate.


L'Autre Monde ou Les Etats et Empires de la Lune, de Cyrano de Bergerac
avec Benjamin Lazar, Florence Bolton et Benjamin Perrot
au Théâtre de L'Athénée, du 10 au 26 avril

samedi 5 avril 2008

blogosphère

Il y a quelques nuits, au cours d'une insomnie, j'ai profité du wi-fi de l'hôtel pour zoner sur différents blogs... J'ai d'abord, à tout seigneur tout honneur, commencé par aller voir Nicolas, dont j'aimais beaucoup les salades et qui m'a donné envie d'ouvrir ce blog ; puis je suis allé ici ou là, ou encore là, sur le blog le mieux écrit à mon sens -
Et là une question m'a assailli (oui, vers quatre heures du mat...) : pourquoi et surtout pour qui écrit-on un blog ? Je n'ai jamais tenu de journal intime ni de carnet de notes (ou je me suis forcé, quand je prenais part à certains projets, pour pouvoir, deux ou trois ans plus tard, me souvenir avec précision du travail, la mémoire faisant régulièrement plus défaut que je ne voudrais le croire...), en disant que le fait que personne ne puisse le lire ne me motivait pas beaucoup.
Je sais qu'une quinzaine de personnes au moins lisent mon blog : des amis surtout, mais j'ai parfois des commentaires de Tiusha, ou d'autres, que je ne connais pas du tout. C'est étrange en fait, de lire la vie des autres, de savoir que d'autres lisent ma vie, ou ce que je veux bien en montrer - mes déboires sentimentaux ou mes enthousiasmes cinématographiques ou livresques (je sais que Jorris adore mes commentaires !...), mes petites notes qui, me semble-t-il, ne peuvent intéresser que moi... Mais il semblerait finalement que non.
Et, plus que qui lit mon blog il y a la question de qu'est-ce que chacun comprend et retire d'icelui ? je sais par exemple qu'Agnès, ma gentille belle-soeur, a mal compris ce que je disais dans ce billet. Pourquoi alors ? parce qu'elle n'a pas lu les autres alentour, relatant ma détresse suite au départ de mon amoureux, certainement. Mais peut-être aurais-je dû prendre plus de précautions, imaginant que chaque lecteur de ce blog n'en lirait pas chaque texte - et que peut-être Agnès, très légitimement, ne s'intéresserait pas à mes détresses amoureuses, ne verrait qu'une photo de sa fille et mon commentaire mi-figue mi-raisin...
Jusqu'où laisser une porte ouverte sur sa vie privée dans un espace public ? c'est ce que je me demande depuis cette nuit d'insomnie. Un élément de réponse ?