samedi 17 octobre 2009

Hier, Ali Bongo, le fils de son père, prenait officiellement ses fonctions ("élu" qu'il avait été...) au Gabon. Bientôt, Jean Sarkozy, le fils de son père, sera "élu", lui aussi, à la tête de l'EVAD. Comme quoi la Françafrique n'est pas qu'un souvenir - mais pas dans le sens qu'on imaginait...

samedi 8 août 2009

pages blanches

Colette est certainement une de mes amies les plus chères, un des âmes avec lesquelles je suis le plus en communication, en toute simplicité.
Notre rencontre était amusante : comme j'arrivais à l'hôtel pour trois jours d'enregistrement (et c'était à l'époque où les enregistrements me mettaient encore plus mal à l'aise qu'ils ne le font aujourd'hui : j'étais donc perclu de peur), l'organiste me présente "Colette, une amie". Je lui ai répondu : "vous faîtes un beau métier, madame". Nous ne nous sommes plus quittés. C'était aussi simple que ça. C'était il y a 4 ans.
Je dois à Colette des remerciements éternels pour m'avoir fait retourner dans les musées - et y prendre plaisir ! j'avais, pour je ne sais quelle raison, développé un complexe face aux musées, comme d'autres face à la musique classique : trop compliqué pour moi, pas assez de culture, trop grand pour ne pas m'y perdre. Comme j'accompagnais Colette à une expo Bonnard au Musée d'Art Moderne, le choc, l'immense choc : non seulement je n'étais pas perdu, mais ça me faisait plaisir, mais je pouvais dire que tel ou tel tableau me touchait plus et pour quelle raison - je n'étais donc pas le crétin fini que je m'imaginais être, et ça a été une révélation. Depuis je hante les musées pendant des heures, libre de m'ennuyer devant un chef d'oeuvre, de traverser une salle au pas de course ou de m'extasier devant un tout petit tableau dans un coin, d'y revenir plusieurs fois et de l'emporter dans mon coeur en trophée.

Après l'avoir fait avec les musées, Colette réussira-t-elle à me réconcilier avec la poésie ?! je reçois de temps en temps par la poste un livre, juste pour le plaisir de faire plaisir. C'est toujours un livre de Christian Bobin, que Colette admire passionnément. Un petit livre, d'une centaine de pages, avec beaucoup de blanc dedans - d'espace pour rêver, sans doute.
J'ai reçu il y a quelques semaines un nouveau livre de Christian Bobin, La Dame blanche. Je l'ai ouvert avant-hier - et quel choc ! je suis tombé sur le personnage d'Emily Dickinson, dont je connaissais seulement le nom (elle a été maintes fois mise en musique). Ce petit livre la met en scène, dans une biographie poétique et éparse, posant une ligne ici, un paragraphe là, pour composer un portrait en camaïeu de blancs de cette dame blanche comme un lys. Et me voici désormais hameçonné, voulant en savoir plus - et lire des poèmes d'Emily Dickinson.
Peut-être cette rencontre tournera-t-elle court, mais j'ai la sensation que ce livre va marquer pour moi un moment important de ma vie. Je le devrai à Colette, encore une fois.

Christian Bobin, La Dame blanche ; Gallimard, collection Folio ; 125 pages, 4,30 €.

vendredi 31 juillet 2009

petite histoire

C'est toujours drôle (entendez : étrange) quand on est rejoint dans notre petite histoire par la Grande, la collective - quand on connaît personnellement quelqu'un décédé dans une catastrophe aérienne, ou quand on a un ami atteint de la Grippe A H1N1.
C'est mon cas : mon cher Raphaël en a été atteint, sans aucune gravité fort heureusement. C'est la première personne de mon entourage ; certainement pas la dernière.
Il va mieux.

mardi 14 juillet 2009

18 juillet 1999

C'était il y a dix ans, presque jour pour jour. Je faisais mes débuts professionnels. J'ai considéré comme tel mon premier concert avec un ensemble particulièrement réputé, dont la confiance m'honorait immensément, et me mettait, à mon avis, dans "la cour des grands". C'est de là, de ce premier engagement, que tout a découlé : des auditions que j'ai eu le courage de passer, les productions qui se sont enchaînées grâce à ça, la vie gagnée dans et avec la musique - tout ça grâce à ce premier concert, le 18 juillet 1999 à Beaune.
En arrivant à la gare (je n'en menais pas large), j'ai tout de suite vu une fresque représentant De Funès et Bourvil (oui, une scène de La Grande Vadrouille se déroule dans les Hospices de Beaune !) et je me suis dit que j'étais un peu sous leur protection. Ca m'a (à peine) rassuré.
Je me souviens de ma peur lors de ma première répétition "pro", du soupir de soulagement que j'ai poussé (et qu'un ami m'a dit avoir entendu du fond de l'édifice !) la dernière note du concert chantée - de tout ça, comme si c'était hier. Je me disais alors que je n'oublierais jamais rien, ni un lieu ni un collègue ni un programme ; c'était faux, en dix ans on oublie plein de choses - mais pas cette première soirée.

J'ai du mal à croire que 10 ans ont vraiment passé depuis cet acte fondateur de la seconde partie de ma vie. Et pourtant beaucoup de choses en témoignent : des bulletins de salaire et des partitions qui s'entassent dans mes rayonnages, plus de deux dizaines de disques enregistrés (même si je ne les ai plus pour la plupart : je les ai donnés, tellement se réécouter est un supplice), beaucoup de beaux souvenirs, quelques très beaux. Des émotions, des colères, des déceptions, énormément de joies... 1à ans de ma vie se résument là, en ce moment. C'est étrange.

lundi 13 juillet 2009

franco-belgo-suisse

Je ne me plains pas, je gagne correctement ma vie. Mais quand je vois ça, ça me donne envie de hurler. Moi, le prochain 14 juillet, je vais peut-être me délocaliser à Gstaad...

samedi 4 juillet 2009

en boule

Le truc le pire qui puisse vous arriver, c'est qu'un ami cher, sachant votre goût immodéré pour la lecture, vous dise "tu devrais lire ce livre, c'est vraiment super" - et de le détester, de le haïr du plus profond de vous. Le livre, pas l'ami.
C'est ce qui m'est arrivé avec L'Elégance du Hérisson, de Muriel Barbery. Le problème, c'est que plusieurs amis m'ont parlé laudativement de ce livre. Méfiant, j'ai fait une entorse à ma règle de toujours acheter les livres que je lis et je l'ai emprunté à une amie, pleine de goût, et toute frissonnante de la lecture qu'elle venait de terminer. Bon.
Et là, patatras : je déteste, du plus profond de moi, cette histoire faussement naïve et très énervante d'une concierge si-belle-à-l-intérieur qui lit beaucoup en se faisant passer pour une pauvresse, et qui sera démasquée par une jeune habitante de son immeuble et un riche japonais qui vient d'y emménager. Et qui mourra, bêtement, au moment où elle aurait pu se révéler. Voilà, c'est dit : ce livre a été vendu à 345 000 exemplaires, "hérisson" devenant synonyme de "grand tirage surprise" au cours des rentrées littéraires suivantes. Je ne comprends pas pourquoi cet engouement et même, chose rarissime, la lecture de ce court roman m'exaspère tellement que je saute des pages.
Je viens de voir que ce Hérisson vient de paraître en poche, et même qu'on l'a adapté au cinéma. Il est bien entendu hors de question que j'aille voir le film, mais je reste stupide face à tant de succès : est-ce que j'aurais raté quelque chose ? est-ce que quelqu'un qui a aimé cet opus pourrait me dire pourquoi, m'en dire du bien - m'aider à comprendre ?...

mercredi 1 juillet 2009

parfois je rêve, je divague...

(mais moi je ne vois pas de vagues, monsieur Gainsbourg)

Je disais hier que je vivais le meilleur moment du déménagement : celui d'avant, l'entre-deux tellement joli du projet qui se concrétise tout seul, après la période de recherche, et qui n'influe pas encore vraiment sur la vie courante (je retrouve encore mes casseroles quand j'en ai besoin, je n'ai pas une masse de cartons dans mon entrée...).
Déménager, comme le disait récemment Samuel, c'est changer un peu de peau - à tout le moins de vie : on laisse derrière soi une partie de ce qu'on a été pendant les années où on a vécu dans un lieu. Cinq ans, c'est pas rien quand même ! des tas de petits souvenirs sont attachés à l'appartement que j'occupe encore, des gens qui sont venus, de ceux qui ont écrit sur mes murs les mots doux que je vais devoir recouvrir de blanc avant de partir, des choses belles ou moins belle vécues ici. Tout ça va rester, oui : dans ma mémoire, et un peu inscrit dans ces murs. C'est pour ça que je suis heureux de connaître le futur propriétaire de cet appartement, et de le voir tellement enthousiaste à son égard : je sais ainsi que cet appartement continuera d'être habité.
Mais je n'ai aucune nostalgie, bien au contraire ! car "changer de vie" veut dire en vivre une nouvelle, évidemment plus belle. Je ne rêve pas seulement du nouvel espace dans lequel je vais vivre et de la future disposition de mes meubles : je rêve aussi d'une vie plus rangée, peut-être - mieux rangée à tout le moins, parce que je suis un bordélique notoire... mais aussi d'une vie plus calme, dans laquelle je gérerais mieux mon temps dans la journée, dans laquelle les journées passeraient moins vite, dans lesquelles j'aurais plus de temps pour moi, comme si l'espace gigantesque (56m2 pour un célibataire à Paris, c'est un luxe inouï !) allait nécessairement être aussi un espace de temps gigantesque. Je disais il y a quelques mois mon envie de mutation, de faire peut-être moi aussi une nouvelle peau : il est certain que cette nouvelle vie prendra ses racines dans ce nouvel espace - dans lequel il y aura un fauteuil de lecture où je lirai tous ces livres que je phantasme de lire depuis des mois, et où mon esprit grandira, aussi.

mardi 30 juin 2009

du mouvement

J'avais dit il y a quelques mois mon envie de déménager : eh bien je pense qu'on peut maintenant dire que c'est pour bientôt !
J'ai en effet trouvé un bel appartement tout près de Paris (oui, je vais devenir un banlieusard), et même réussi, semble-t-il, à vendre le mien. Je suis donc dans la période la plus heureuse du déménagement : celle de toutes les imaginations - quelle couleur on va mettre sur les murs, où tel fauteuil trouvera-t-il sa place, est-ce que je vais garder cette lampe ?...
Pas encore de cartons (on va s'y mettre très vite, mais c'est dans deux mois, le grand mouvement), plus trop de souci (la demande de prêt suit son cours, les démarches de vente le leur) - oui, même si l'idée d'encartonner, bizarrement, me déplaît moins qu'avant : c'est certainement la meilleure période.

dimanche 21 juin 2009

Lapin romain...


promis : je raconterai bientôt mon (merveilleux) voyage à Rome...
mais commençons par montrer un pauvre petit lapin, statufié au début de notre ère en bien mauvaise posture...

mardi 2 juin 2009

lapin phobique

Ce qui est rigolo avec les phobies, c'est qu'on n'y peut rien, ou pas grand chose.
Une de mes plus grandes phobies est de mourir dans un accident d'avion. D'une plate banalité comme trouille, mais je n'ai jamais imaginé être quelqu'un d'exception...
Au début (ben oui, je fais un métier où on prend quand même pas mal l'avion), je tremblais avant le décollage, pendant je ne pouvais rien faire tant mes mains transpiraient et ensuite je ne pouvais commencer à me détendre (un peu, hein) avant que le signal "attachez vos ceintures" ait été éteint.
Maintenant, presque 10 ans plus tard, je suis comme résigné, fataliste : je me dis que puisque, c'est évident, cet avion va s'écraser, autant continuer à lire et à faire ce que j'ai à faire comme si de rien n'était.
Je ne suis encore jamais mort dans un accident d'avion.
Mais chaque catastrophe aérienne me passionne, de manière morbide ; autant dire qu'avec la disparition d'un avion d'Air France hier matin et l'épais mystère qui l'entoure, je suis dans mon élément et je peux regarder, fasciné, les experts qui disent et redisent pendant des longues minutes qu'ils ne savent rien (mais faut bien meubler l'antenne, hein ?), qu'ils ne peuvent que conjecturer. Des conjectures qui nourriront mes futurs phantasmes morbides en vol. Comme être foudroyé...
Je suis d'autant plus fasciné par cette catastrophe que j'ai pris une fois un avion d'Air France Rio-Paris, à la même heure (ou peu ou prou), pour rentrer d'une semaine de travail au Brésil. Et que je me dis, rétrospectivement (à 5 ans près quand même...) que je l'ai échappé belle.
Oui : difficile de ne pas rire de ma phobie, aujourd'hui...

mercredi 27 mai 2009

souvenir de Sarthe


charcuterie de Bessé sur Braye (72)

jeudi 7 mai 2009

incontrôlé...

Il est petit, pliable, toujours au fond de mon sac et bien pratique quand on veut pique-niquer dans le train. Il est tellement pratique que même les gens du contrôle de sécurité de l'aéroport ont jugé bon de m'en laisser l'usage pour pique-niquer dans l'avion.
Lui, c'est un magnifique couteau Opinel.
Comme quoi, comme dit Raphaël, l'avion n'est pas vraiment le moyen de transport le plus sûr...

mercredi 6 mai 2009

toi-même

Barcelone est une ville formidable...

mardi 28 avril 2009

Les Bienveillantes

C'est peut-être la plus grande force de cet énorme roman que de réussir à se glisser dans les interstices de la réalité historique pour bâtir une fiction. L'histoire, on la connaît à grands traits : ce livre serait les mémoires d'un commandant SS, homme cultivé et raisonnable, une sorte de journal de guerre décrivant méthodiquement quatre ans de campagnes. Peut-être croiserai-je le lieutenant Maximilien Aue dans mes futures lectures sur les massacres antisémites - mais je préfère croire à la fiction, une fiction qui colle au plus près à une réalité historique.
Car c'est le pari fou de ce premier roman (comment peut-on entreprendre, comme premier travail littéraire, un texte de 1400 pages aussi compliqué ?...) : restituer quasi exactement quatre ans de la seconde guerre mondiale, vu par le prisme d'un homme, comme une sorte de Guerre et Paix de la Seconde Guerre. Je suis certain qu'on pourrait ouvrir des livres d'histoire pour trouver sans faute toute la liste des chefs des différentes brigades, des opérations et des mouvements que ces Bienveillantes chroniquent - et je suis sûr qu'il y aura, très vite, des éditions commentées et archi-documentées de ce grand livre, pour, sinon tenter d'en expliquer le mystère, du moins en proclamer la grande méticulosité historiographique, sans oublier ces dizaines de pages passionnantes sur la grammaire des langues caucasiennes... 
Mais il y a aussi dans ce texte un second plan à peine supportable - comme dans Guerre et Paix, une grande histoire d'amour, mais c'est d'un amour incestueux dont il s'agit ici. Les soixante pages de l'Air (le roman est découpé selon les mouvements d'une suite française, musique dont il est question de manière récurrente dans le roman), narrant les phantasmes incestueux d'Aue, sont parmi les plus insupportables du livre, et c'est au tour du lecteur d'avoir envie de vomir.
Il est d'une banalité affligeante d'écrire qu'on ne sort pas indemne d'une telle lecture : comment pourrait-on lire un roman de 1400 pages sur ce sujet en le restant ? Les Bienveillantes, au-delà de son immense difficulté (et de son absence totale de concession faite au lecteur qui s'y engage, ne serait-ce que pour affronter ces pages sans presqu'un seul interstice), est à l'évidence un des plus importants textes de la littérature française contemporaine, qui pose beaucoup plus de questions qu'il n'apporte de réponse, et qui a la force de nous soulever pour nous forcer à regarder cette noirceur qui est en nous, de par notre culture.

Jonathan Littell, Les Bienveillantes ; Gallimard, collection Folio ; 1390 pages, 12,10 euro

lundi 27 avril 2009

O Solitude, my sweetest choice...

La force de la fiction, c'est quand le réel (le réalisme, plutôt) dérive peu à peu vers une situation moins réelle, vraisemblable mais concentrée, en quelque sorte. Les japonais sont forts pour ça : ainsi Ryû Murakami qui, dans ses romans, prend parfois une voie à peine divergente du réalisme pour nous emmener dans un monde étrange.
C'est le cas de Tokyo Sonata, très beau film de Kioshi Kurosawa qui raconte la déliquescence et la recomposition d'une famille japonaise normale. Les quatre membres de la famille vont tous subir des traumatismes graves et une nuit d'errance (ou des semaines de guerre, hors champs, pour l'aîné) avant de renaître, en quelque sorte. C'est un film très dur, où l'on voit la famille (et avec elle le réel, en ce qu'il représente la vie courante, normale) se lézarder, les repas devenir de plus en plus silencieux, tendus en creux, puis la violence éclater - jusqu'à cette nuit, vécue en parallèle par trois membres de la famille, où plus rien n'est réaliste mais où tout peut enfin se construire, fut-ce dans un ordre différent. Un film éprouvant mais, par ailleurs, rassurant - quant à la capacité des hommes à refaire face.
C'est de ça aussi dont il s'agit dans Villa Amalia, de Benoît Jacquot, adapté d'un roman de Pascal Quignard : comment une femme peut-elle effacer sa vie et la refaire complètement ailleurs, si tant est que ce soit possible ?... peut-on vraiment choisir la solitude pour recréer autre chose ? tous ces sujets qui me touchent de très près en ce moment, lorsque je me demande si ce tourbillon pourra continuer longtemps.
Isabelle Huppert est cette Eliane-Ann qui ne part pas en déliquescence, elle, mais qui veut changer radicalement sa vie. Qui d'autre, est-on tenté de se demander, pourrait composer le portrait d'une telle femme ? Villa Amalia est aussi un film rude, où on ne s'embarrasse pas toujours de vraisemblance, mais profondément touchant, en très peu de mots. C'est une grande force !

dimanche 26 avril 2009

la combi

On le sait, ou du moins on peut d'en douter : je suis un sportif dans mon fauteuil, du genre à me rincer l'oeil plutôt qu'à admirer un beau geste technique... J'ai eu ma période tennis, quand il y avait Becker dans la course ; j'ai eu ma période perche, quand il y avait le beau Galfione (j'ai même veillé une moitié de nuit en août 96 quand il a eu son titre olympique : c'est dire à quel point j'étais fan !) ; j'ai eu ma période danse sur glace quand il y avait Gwendal Peizerat - et j'ai toujours bien aimé la natation, parce que c'est l'occasion d'admirer pour rien de bien beaux châssis...
Alors que dire de cette nouvelle combinaison en polyuréthane qui fait gagner de précieux centièmes aux nageurs, Alain Bernard en tête - en nous faisant perdre de belles occasions de voir les jolis torses ?...
Rien, sinon que : je suis contre !

mercredi 22 avril 2009

de cause à effet ?...

Hier, Calais était vidé de ses sans-papiers.
Demain monsieur Besson, ministre de l'Immigration et de l'Identité Nationale, sera en visite à Calais.
Moi je ne vois aucun rapport entre ces deux événements. Si vous oui, vous êtes mûrs pour aller voir Welcome. De toute façon, c'est bon pour la santé.

mercredi 15 avril 2009

jolie histoire

Parce que ce blog a été un lieu de haine il y a quelques mois et que chat échaudé craint l'eau froide (ça, j'ai jamais compris pourquoi : l'eau chaude oui, mais l'eau froide - il est con le chat...), j'ai décidé de verrouiller les commentaires qu'on pouvait laisser sur cette page. C'est-à-dire que chaque fois qu'on me laisse un commentaire je dois le lire et l'approuver, ou non.
A toute chose malheur est bon, c'est désormais prouvé : sans ces pauvres gens qui ont cru bon de laver leur linge sale en public, je n'aurais jamais été au courant de la jolie histoire qui m'arrive :
Il y a deux mois environ j'ai croisé un contrôleur d'un genre nouveau dans le métro et j'ai raconté cette rencontre dans un message dont j'ai été surpris que personne ne le commentât alors. Et voilà que beaucoup de gens, cherchant via "contrôleur du bonheur" dans Google, sont tombés sur ma page et l'ont fleurie de commentaires doux et souriants, jusqu'à ce contrôleur qui fait sourire les gens, dans le métro et, visiblement, longtemps après...
C'est grâce à ce genre de petits moments que tenir un blog est magique !...

mercredi 1 avril 2009

Welcome

Il y avait au départ un sujet qui m'intéressait...
Il y a eu en plus le fait que monsieur Besson, ce socialiste ayant tellement tourné veste et casaque qu'il en est devenu ministre de l'Immigration de Sarkozy..., n'a pas aimé ce film -
Je me suis donc empressé d'aller voir Welcome, le film de Philippe Lioret traitant des sans-papiers et de l'aide qu'un citoyen peut leur apporter, le plus souvent par hasard. C'est le cas de Simon, maître-nageur calaisien, qui rencontre un jeune kurde à la piscine et va, de fil et aiguille, l'aider à tenter de passer en Angleterre à la nage...
J'ai beaucoup entendu Vincent Lindon, qui joue Simon, à la télévision ou à la radio, énormément investi dans la défense de ce film. La question qu'il soulève est à la fois simple et extrêmement compliquée : comment peut-on aider des gens ? et quel motif a-t-on pour le faire ? serais-je, moi, capable de faire autre chose que de "baisser la tête", comme le lui reproche l'ex-femme de Simon ? je ne sais pas - ce qui veut dire que je ne crois pas. Mais l'une des forces de ce film, qui n'en manque pas, c'est de montrer que c'est parfois à notre propre surprise, pour des raisons qu'on n'imagine pas nécessairement, qu'on agit humainement. Il y a donc des raisons d'espérer en notre nature...

mardi 31 mars 2009

la course

Ce n'est pas ma faute : beaucoup de choses m'intéressent, des enregistrements de pianistes morts il y a vingt ans, des films kazakhes, la littérature dans son quasi-ensemble... Et puis il y a que je ne sais pas faire des choses à la fois : écouter un disque en lisant, regarder un film en mangeant - non, j'aime bien faire une chose à la fois, et une seule, en m'y consacrant entièrement.
Alors voilà : du coup il y a toujours quelque chose que je pourrais faire, toujours un livre (une montagne de livres !) que je voudrais lire après celui-là, toujours un autre film que je voudrais voir, un autre musée à visiter... Il y a donc des raisons objectives pour que je courre toujours, que j'aie toujours un livre à la main, pour que je sois toujours projeté en avant sans jamais prendre le temps de relire ou, au moins, de revenir sur ce que j'ai déjà fait. Pourtant, je ne suis pas de ceux qui, lorsqu'ils ont lu une fois un livre ou vu une fois un film, s'en souviennent ad vitam et, encouragé en cela par ma psy (et puis j'ai quand même fait des études littéraires !), j'ai bien vu les vertus de la relecture, de repasser par des sentiers déjà parcourus et de remarquer des détails qu'un premier passage ne m'avait pas permis de distinguer, de pénétrer plus avant dans la construction, de mieux comprendre - mais j'ai la sensation que le temps me manquera nécessairement, et qu'il me faut donc aller sans cesse de l'avant.
J'ai déjà quasiment banni de mes lectures et de mes visionnages tout ce qui était simplement divertissant, et je me retrouve perpétuellement dans des univers noirs et épais d'où j'aimerais parfois m'échapper - mais le moyen de lire Bridget Jones quand on n'a pas lu Gogol ?...
Je me demande simplement pourquoi je suis perpétuellement dans une course perdue d'avance (puisque tout lire et tout voir, épuiser l'intérêt, est impossible), dans une tension continuelle qui me fait considérer comme perdues les cinq minutes de métro si je ne les consacre pas à lire une page, alors que quiconque a lu Les Bienveillantes sait qu'une page lue à la sauvette est une page qu'il faudra relire, ou qui est tombée dans un abîme, inutile.
Je ne sais pas quel vide je cherche à combler en courant toujours ainsi...

jeudi 26 mars 2009



un an désormais qu'on se promène à deux sur la plage, profitant du soleil et évitant au mieux les coups de vent. Et c'est bien !

vendredi 20 mars 2009

la grosse Raymonde...

La première fois que j'ai entendu madame Raymonde chanter, c'était sous mes fenêtres de la rue Saint-Aubin à Angers : une dame en robe et fichu chantant des chansons réalistes accompagnée de son orgue de barbarie... la dame, je l'ai appris après, c'était Denis d'Arcangelo, et madame Raymonde l'un de ses personnages.
Madame Raymonde est devenue une star du théâtre, et fait en ce moment son retour au Vingtième Théâtre à Paris (dans le 20ème arrondissement, comme son nom l'indique justement !) dans Madame Raymonde exagère ! c'est la deuxième fois que Raymonde investit ce théâtre et qu'elle y promène sa gouaille parigote et ses robes à fleurs dans un "tour de chant" qui a tout du tour de passe-passe : Denis nous promène sans cesse entre rire aux larmes et larmes tout court, avec un sens inouï et fabuleux de la rupture de ton et un immense talent, tant vocal que scénique. "L'Art Lyrique m'a appelé très tôt, mais j'ai mis du temps à l'entendre" dit Raymonde, genre de pute au grand coeur qui chante ce si extraordinaire répertoire de la chanson réaliste début de siècle - de siècle dernier désormais.
Madame Raymonde a un nouveau spectacle, une nouvelle robe (et une incroyable fourrure...) et boit moins de vin qu'avant - un peu moins de vin... - mais elle est toujours en grande grande forme !

Madame Raymonde exagère, avec Denis d'Arcangelo et Sébastien Mesnil à l'accordéon (qui mérite tout autant d'éloges, même si ce n'est pas lui qui porte les talons hauts !) est au Vingtième Théâtre jusqu'au 26 avril du mercredi au dimanche (15h le dimanche et 19h30 les autres jours, un horaire idéal pour aller au spectacle puis dîner dans ce joli quartier de Ménilmontant).

mardi 17 mars 2009

boy A.

Finalement, tout se tient : quand on se documente sur la cruauté, on en vient vite à la question de la culpabilité, puis de là à celle du repentir et, de fait, à la reconstruction de soi.
Je suis allé dimanche après-midi voir Boy A., le film de John Crowley sorti il y a une semaine environ. On y montre Jack, un jeune homme en réinsertion dont on comprend rapidement qu'il a été un enfant meutrier. Boy A. pose la question de la reconstruction : comment peut-on en effet vivre avec le poids d'une mort sur la conscience, et comment peut-on, adulte, devenir quelqu'un d'autre que l'enfant qu'on a été ? Jack est sorti de prison et se réinsère dans une entreprise. Il tombe amoureux et tout semble aller bien pour lui jusqu'au jour où on retrouve sa trace, jusque-là anonymée.
Boy A. est un film extraordinaire, sous-tendu par des lignes de force très profondes. Sa construction est remarquablement maîtrisée, et sa forme est porteuse de sens : cette image un peu sale, ces gros plan avec une profondeur de champ très petite, qui donne beaucoup de place au flou à l'écran. Et puis le contrepoint entre Jack-son éducateur et l'éducateur-son propre fils s'installe peu à peu jusqu'au dénouement, brillante mécanique.
Et surtout il y a Andrew Garfield, formidable comédien qui joue Jack. Regard erratique, larmes toujours prêtes à couler derrière le sourire, ce jeune comédien compose un personnage dans lequel la fêlure est perceptible à chaque instant. Il est fabuleux - et très bien entouré, par ailleurs.
Mais qu'on ne s'attende pas à ressortir de Boy A. avec le sourire, ou même l'espoir : tout est du noir le plus noir, la fin une claque abrupte, et l'on voit qu'on n'échappe que difficilement, et rarement, à son destin. Boy A. est un film finalement très noir, fin observateur de la sombre nature humaine.

dimanche 15 mars 2009

Les Matriochkas

J'aime vraiment beaucoup Violaine. Je ne saurais précisément dire pourquoi je me suis toujours senti bien, et en confiance, avec elle. J'aime sa manière d'être, de chanter : simple et sensible.
Violaine m'a donc invité, il y a trois semaines environ, à dîner chez elle, avec quelques amis : deux collègues et une de ses anciennes amies, retrouvées grâce à Facebook - comme quoi ça a bien du bon, ce réseau...
Nous voici donc dînant (magnifiquement) ensemble. L'amie en question disant qu'elle était totalement incapable de chanter, Violaine répliquant qu'elle serait pour sa part bien incapable d'écrire une seule page de roman, alors elles étaient quittes - j'ai donc compris que Stéphanie écrivait.
Je me suis conséquemment documenté sur son travail - et j'ai découvert qu'elle avait, pour son premier roman, Les Matriochkas, travaillé sur le judaïsme et la déportation. Puisque ça collait parfaitement avec mon thème du moment, je me suis empressé de lire ce roman, couronné de plusieurs prix.
Stéphanie Janicot a tissé dans ce texte une trame autour du souvenir et de la culpabilité, offrant une nouvelle pierre à la technique de l'histoire racontée sous plusieurs points de vue, qui chacun éclaire et enrichit l'autre (les deux grandes réussites du genre étant, parmi celles que je connais, L'Eté meurtrier de Sébastien Japrisot et Le Cercle de la Croix, de Iain Pears). Ca commence très simplement, d'une manière très quotidienne, mais rapidement on est absorbé et passionné par ce mélange de passé et de présent, par la recherche de Werner, jeune étudiant allemand tombé par hasard chez une vieille juive, quarante ans après la guerre. Même s'il n'y est qu'à peine question de cruauté, je ne me suis pas tant éloigné de mon thème (et quand bien même !) tant ce texte pose d'autres questions, en particulier celle des motivations propres à chaque action, montrant que tout n'est jamais noir ou blanc, et que la palette des gris est infinie, et subtile.
Les Matriochkas est un texte très touchant, où les éventuelles pistes attendues se révèlent, tour de force, inattendues (impossible d'en dire plus sans en dire trop !).
Une bien belle lecture, que je dois à Violaine et que j'espère contribuer ainsi à partager.

Stéphanie Janicot, Les Matriochkas ; Le Livre de Poche, 216 pages, 5,50 €.

samedi 14 mars 2009

Salon du Livre

La crise a quelques effets positifs : on achète plus de capotes, on va plus au cinéma et on achète plus de livres - j'ai entendu cette dernière statistique à l'occasion de l'ouverture du Salon du Livre, disant que le livre continue de bien se vendre. Même si nous, gens du spectacle vivant, pâtissons très largement de la diminution des crédits, savoir que la culture, dans son sens le plus large, constitue un refuge auquel les gens pensent quand tout devient plus dur autour d'eux ne peut que me réjouir, et me conforter dans l'idée que la culture a un rôle important à jouer, même si elle n'est pas directement génératrice de richesses...
L'autre chose vue à l'occasion de l'ouverture du Salon du Livre, c'est l'apparition du livre électronique. Et là mes poils se hérissent sur mon dos : nous faudra-t-il bientôt lire sans plus tenir un livre ? moi qui ai encore des disques noirs et un agenda en papier, moi qui prends un plaisir physique à choisir mes livres et à les toucher ensuite en les lisant, moi qui prends un soin presque maniaque de mes livres, allant jusqu'à les enrouler dans du papier pour que leurs coins ne cassent pas lorsque je les transporte dans mon sac - je n'ai pas envie de télécharger mon livre sur internet et d'en tourner les pages à la souris... je sais, je suis un vieux con. Mais j'assume.

mardi 10 mars 2009

re-

J'ai déjà dit à plusieurs reprises ma passion pour les livres, et ma difficulté à n'en choisir qu'un à lire... Inutile de dire qu'il y en a des centaines que je ne lirai jamais faute de temps - mais, comme disait monsieur Andesmas, lire un livre c'est accepter qu'on ignore des dizaines d'autres.
Alors comme relire ?! comment, quand on a une avidité de découvertes nouvelles, accepter (même si c'est un plaisir) de relire une oeuvre, des consacrer des dizaines d'heures d'un temps rare et précieux ?
La chanson de Bécaud me revient souvent en mémoire qui dit que "même en cent ans, je n'aurai pas le temps" - pas le temps de lire tous les livres, de voir tous les films, d'écouter tous les disques... quel temps puis-je alors trouver pour parcourir de nouveau un livre, revoir un film ou réécouter un disque ? et pourtant, comment vivre sans relire Dostoïevski, sans revoir les films de Renoir ou réécouter les concertos de Beethoven par Serkin ? comment tout faire ?

vendredi 6 mars 2009

études sur la cruauté

D'habitude, mes lectures sont tous azimuts, sans suite, portées au gré de mes envies devant les tables des libraires. J'aime bien quand des livres me disent "lis-moi". Ce que je fais, donc - parfois pour mon malheur (Le Verrou de Muriel Cerf, que j'ai arrêté au bout de 400 pages environ, tellement c'était impossible de continuer...), souvent pour mon bonheur.
C'est donc, il y a un mois, Ombres sur l'Hudson, d'Isaac Bashevis Singer, qui m'a tendu les bras depuis la table de ma librairie. Je l'ai saisi et lu. Et là, un grand sujet m'a sauté à la gueule, littéralement : la cruauté. Ombres sur l'Hudson a été écrit en 1957 et est sensé se dérouler en 1947, au sortir de la guerre. Il pose fortement la question de comment peut-on continuer à être juif, comment peut-on à la fois être encore vivant et encore croyant après ce qui s'est passé ?...
Et moi, qui est pourtant été informé sur le sujet et ai même poussé ma connaissance un peu plus avant que mes cours d'histoire du lycée - voilà que je découvre cette question : comment a-t-on pu être nazi ? comment, plus généralement, peut-être être cruel au point de vivre dans un tel système.
Du coup, et pour la première fois de ma vie certainement, impossible de dévier de cet axe de lecture. Et des titres de livres d'arriver à ma mémoire, preuve s'il en fallait que ce sujet ne m'était donc pas si étranger que je le croyais.
J'ai donc ensuite lu Si c'est un homme, de Primo Levi. Le récit simple et digne d'un ancien détenu du camp d'Auschwitz, qui a survécu à l'horrible vie du camp et vécu sa libération. On sait tous les millions de morts, les exécutions barbares et sommaires (et Singer en parle à de très nombreuses reprises dans Ombres sur l'Hudson) - mais je ne savais pas la déshumanisation que ce système avait engendré. J'imaginais bien entendu une vie atrocement difficile - mais avec des détenus ayant conservé un instinct de vie sociale, d'humanité. C'est ça qui est le plus fascinant, d'une fascination morbide, dans Si c'est un homme : la description d'une vie rendue dure par les allemands, mais surtout par les autres détenus - pas la moindre solidarité dans ce monde où chacun pouvait mourir n'importe quand, sans raison. C'est extrêmement dur. C'est une lecture presqu'insupportable.
Qui me fait mieux comprendre ces images de Nuit et brouillard d'Alain Resnais, prises par les soviétiques à la libération d'Auschwitz de détenus bien entendu hâves et épuisés - mais totalement immobiles et apathiques. J'aurais imaginé qu'ils auraient sauté de joie - je comprends maintenant pourquoi ce silence et cette stupeur. C'est très difficile.
Il est désormais temps pour moi d'ouvrir Les Bienveillantes, de Jonathan Littell, cet énorme roman qui fit tant parler de lui à sa sortie parce qu'il donne la parole à un officier nazi et montre, semble-t-il, la machine de l'intérieur. Peut-être trouverai-je une réponse à mon interrogation sur la cruauté, sur ce plaisir de faire souffrir que nous savons bien tous avoir en nous - pour torturer une limace ou une souris quand on est petit, actes qui nous réjouissent bien plus qu'on ne saurait l'avouer.
Je ne sais pas si j'irai jusqu'au bout de ma démarche mais je le crois. Il me faudra ensuite voir les huit heures de Shoah de Claude Lanzmann, enregistré il y a quelques mois lorsqu'il repassa à la télévision, les quatre de Nurenberg de Frédéric Rossif, voir cette Vague de Dennis Gansel qui, semble-t-il, montre le fonctionnement d'un régime autoritaire, puis peut-être relire Soljénitsyne - et creuser ce trou en moi, pour comprendre pourquoi ce sujet m'intrigue autant. Comme disait Samuel, la prise de conscience n'est pas que dans la philosophie : j'attends beaucoup de cette manière inédite pour moi d'introspection...

Isaac Bashevis Singer, Ombres sur l'Hudson ; Folio, 10,60€.
Primo Levi, Si c'est un homme ; Presses Pocket, 315 pages, 5,90€.

mardi 3 mars 2009

to move it, move it...

C'est Olivier qui m'a fait remarquer ça : chaque fois que nous rentrons de vacances j'ai envie de déménager. Et comme nous avons pris des vacances la semaine dernière - j'ai de nouveau envie de déménager, depuis hier...
Ca fait cinq ans presque jour pour jour que j'ai décidé d'acheter l'appartement que j'habite. C'était un coup de coeur : je suis entré, après une douzaine de visites seulement, j'ai dit "ah ça, c'est bien" et quelques jours plus tard je signais la promesse d'achat. Il est joli, lumineux et calme mon appartement, et je m'y sens bien.
Ce qui me court régulièrement sur le haricot c'est le quartier dans lequel il est situé : disons que c'est dans l'Afrique à Paris. J'ai beaucoup de mal avec les ghettos : que les gens qui se concentrent dans un quartier soient africains, indiens, chinois ou homosexuels, je n'aime pas ça. J'ai envie de voir des têtes différentes dans le métro, la rue ou les magasins. Ce n'est pas le cas chez moi et j'en ai marre - en plus de la surpopulation de la rue, du commerce parallèle, de l'inertie des marcheurs... J'ai des envies de petits commerces, de librairies et de fromagers - certainement des envies très bobo, mais il faut certainement se rendre à l'évidence que j'en suis un ?
D'un autre côté, quand je suis chez moi je ne suis plus dans la rue, et chez moi tout va bien (enfin : si je pouvais avoir un pièce de plus et un voisin qui écoute de la musique moins fort ce serait super, mais c'est des détails) ; en plus, je peux travailler comme je le souhaite, sans jamais qu'un voisin ne m'ait fait une quelconque remarque. Ce qui est, croyez-en l'expérience des récits que me font certains collègues, quelque chose qui pèse très lourd dans la balance contre l'idée de déménager.
Parce que, si l'idée de changer de lieu me plaît - celle de déménager me déplaît et me pèse beaucoup. Je déteste le tri qu'il faut faire (l'occasion pour moi de jeter plein de choses inutiles il y a cinq ans, ce qui ne serait pas du luxe...), la vie dans les cartons pendant plusieurs semaines, les ustensiles qu'on ne retrouve pas alors qu'on en a besoin... la simple idée de tout ça me fatigue, alors que celle du changement me plaît.
Peut-être ai-je besoin de me défaire d'une nouvelle squame et de quitter cet appartement ? ou peut-être est-ce simplement un phantasme, encouragé par le soleil et l'idée du retour d'un nouveau cycle saisonnier ? je ne sais pas. Je vais tenter d'y réfléchir.
Je ferai signe si j'ai bientôt besoin de déménageurs...

jeudi 19 février 2009

petits amoureux

Ce commentaire de Susy, à propos du décès de son arrière-grand-mère :
"Elle est gentille mamie.
- Pourquoi ?
- Parce qu'elle a choisi d'aller retrouver papi juste le jour de la Saint Valentin !"

Ca va avec l'une des images gravées dans ma mémoire : nous étions allés voir mon grand-père, hospitalisé. Il était l'heure de partir et ma grand-mère, qui devait bien avoir 80 ans à l'époque (et pas loin de 60 de mariage !), s'est empressée d'embrasser son mari. Ils se sont donnés un beau baiser d'amoureux tellement tendre et fougueux - que je crois que Susy a raison : mamie est bien partie retrouver son amoureux, juste un jour de Saint Valentin.

samedi 14 février 2009


Marie Picard
18 mai 1909 - 14 février 2009

désamour

Il y a environ deux mois que mes messages ne sont plus commentés, et je me demande si quelqu'un les lit encore, si ça ennuie tout le monde, si...
Il y a les gens qui me disent "on ne parle que de ton blog" dont je ne sais pas si c'est pour en dire du bien ou du mal...
Il y a les gens qui me disent que j'offre trop de prise aux vents mauvais dans cette page...
Je ne sais pas si continuer signifie quelque chose ou pas.

vendredi 13 février 2009

vendredi 13, le retour

Le dernier vendredi 13 février dont je me souviens, c'est le vendredi 13 février 2004. Ce jour-là, faisant une pause dans un mois extra-surchargé (ouioui, rien de moins que ça), je me rendis dans un lieu de débauche parisien où, alléluia, mes yeux croisèrent ceux de Simon. C'est ça : nos yeux se croisèrent et je suis tombé amoureux de lui.
Le lendemain matin nous nous sommes souhaités une heureuse Saint Valentin. Malgré mon planning invraisemblable, nous arrivions à nous voir simplement, régulièrement. Il s'était marié jeune, à la première fille dont il avait eu envie et bien qu'il se savait gay ; il venait de divorcer, six ans plus tard. Il était malheureux, triste et beau, beau et gentil, gentil et costaud. Je l'aimais !
Mais ça n'a duré que quelques jours : Simon m'a dit que la nuit, il cherchait sa femme dans le lit, et qu'il ne comprenait rien à sa situation. Il m'a donc quitté, au soir du 1er mars et de ma dernière à l'Opéra de Paris. J'ai été tellement triste, pendant si longtemps que j'ai dû quitter le mariage d'une de mes amies, l'été suivant, tellement je pleurais sans pouvoir m'arrêter l'absence de Simon.
J'ai tenté de garder contact avec lui mais, quelques mois plus tard, il répondait ainsi à un de mes messages : "J'espère que tu vas réussir à m'oublier". Bien sûr que non !
Et puis un jour, il y a deux ans environ, en me rendant à pied chez une amie, je croise un homme avec des enfants dans la rue. Je me dis "je connais ce garçon, c'est certainement un de mes collègues - tiens, il a eu un bébé !". J'ai mis une seconde à reconnaître Simon. J'ai fait demi-tour et l'ai suivi, mais je n'ai pas osé l'aborder. Ils avaient l'air tellement heureux, tous les trois ensemble !
Quelques jours plus tard, je reçois un message : "nous nous sommes croisés dans la rue, j'étais avec mon fils je n'ai pas osé te parler"... J'ai depuis repris contact avec Simon, il m'a même téléphoné à la fin de décembre et nous nous sommes parlés pendant plus d'une demi-heure. Il vit donc de nouveau avec une femme, il vient d'avoir une petite fille et il a l'air heureux ainsi. Je suis content pour lui parce qu'il le mérite bien !

(PS : il va de soi que Simon est un prénom inventé)

mercredi 11 février 2009

déception

Je ne fais jamais ça. D'habitude, quand j'ai aimé un auteur, je ne lis surtout pas d'autre livre de lui : je note son nom dans un coin de ma tête et je me dis que le jour où je ne saurai plus quoi lire je n'aurai qu'à lire un autre livre de lui. Ce qui fait que je me retrouve avec sous le coude une liste d'auteurs, qui sont comme une poire pour une soif qui ne viendra jamais - comment ne plus savoir quoi lire quand on veut tout lire ?!... inventaire à la Prévert : Jean Rouaud, Haruki Murakami, Ryû Murakami, Harry Mulisch, Arthur Schnitzler, John Irving, Robert Penn Warren, Francis Scott Fitzgerald, Honoré de Balzac, Margaret Atwood, Marguerite Yourcenar. J'en oublie certainement des dizaines.
Je ne le fais jamais mais j'avais tellement aimé le Blessés de Percival Everett que, l'ayant à peine fini, j'ai couru acheter un autre texte d'icelui : Désert américain. Et, las, ça n'est pas bien du tout, mais alors pas du tout. Un homme, en route pour se suicider, se tue dans un accident de voiture dans lequel il est décapité. Mais, au moment de son enterrement, il ressuscite - et sa résurrection va le mettre au centre du monde, des convoitises et des fanatismes. Je crois, très immodestement, que, raconté comme ça, ce roman peut paraître intriguant. Mais non : il se répète de bout en bout, les situations sensées être cocasses ne sont qu'à peine drôles, et on se demande souvent quand tout cela va finir.
Alors que Blessés est un tel chef d'oeuvre d'équilibre et d'humanité...
Je vais peut-être continuer à allonger ma liste d'auteurs à lire un jour, pour m'éviter de telles déceptions !...

Percival Everett, Désert américain ; Actes Sud collection Babel ; 317 pages, 8,50 euro

lundi 9 février 2009

Elève libre

Je suis allé, en fin de semaine dernière, voir Elève libre, le film de Joachim Lafosse sorti mercredi. L'histoire étrange d'une jeune adolescent qui fait son éducation, scolaire et sexuelle.
Etrange objet que ce film. Etrange objet de cinéma déjà : jamais je n'avais vu filmé du tennis ainsi, en plan fixe d'un seul côté du cours. Jamais je n'avais vu autant de travellings. Jamais je n'avais vu d'aussi gros plans. Tout ces détails, et l'absence totale de musique et d'explication (qui sont tous ces gens ? par quels liens sont-ils unis ?), concourent à mettre graduellement de plus en plus mal à l'aise le spectateur.
Le film se referme progressivement sur ses deux protagonistes principaux : le jeune adolescent qui veut à tout prix passer son "Jury" et l'adulte qui l'aide à se préparer - un peu difficile de croire qu'une seule personne puisse à la fois expliquer les maths, la chimie et la philo, mais on ne sait rien sur cet homme : peut-être est-il lui-même prof ? Tous les autres protagonistes sont progressivement évacués : reste ce face-à-face en huis clos.
Et puis comment croire qu'on puisse parler aussi simplement de sexe entr'adultes et adolescent ? qu'on puisse montrer du sexe à un adolescent, sciemment ? étrangement, malgré tout, ces plans d'éducation sexuelle en direct ne choquent pas (et en plus on profite des fesses de Yannick Rénier en gros plan, et c'est pas désagréable !) ; intriguent, plutôt.
Oui : étrange film que cet Elève libre. On en ressort plein de questions, l'histoire se terminant de manière tellement ouverte... Pour la bizarrerie de l'objet, pour vous faire une opinion - pour me donner votre opinion : Elève libre, de Joachim Lafosse.

jeudi 5 février 2009

travailler plus pour gagner moins

Les chiffres ne mentent pas : j'ai plus travaillé et moins gagné.
Mon dossier vient d'être rééxaminé par les Assedic, après que j'ai "consommé" mes 243 jours d'indemnisation. Les chiffres en attestent : l'année passée j'ai travaillé plus de 1000 heures, contre 950 l'année précédente. Le cumul de mes salaires est légèrement inférieur, de 2 ou 300 euro - et, comble, mes Assedic (c'est à dire, pour ceux qui savent, mon taux horaire) seront moins importantes cette année qu'elles ne l'étaient l'année passée.
La morale de cette histoire est simplissime : j'ai travaillé plus pour gagner moins, et je gagnerai encore moins en ayant plus travaillé - aussi incroyable que ça puisse me paraître...

mercredi 4 février 2009

petite dédicace

et Aurélie dit : "il n'y a pas de titre à ton billet" ; et Aurélie dit : "ne me parlez plus de neige"... voilà pourtant la ronde laissée par un oiseau sous mes fenêtres lundi matin : c'est vraiment Des pas sur la neige...

mardi 3 février 2009

contrôleur du bonheur

Hier soir, dans le métro en pleine heure de pointe - genre sardines tristes.
Un homme monte et dit d'un ton très autoritaire : "contrôleur du bonheur, montrez-moi vos sourires s'il vous plaît". Et de passer dans toute la voiture contrôler les sourires de chacun. Parce que, nous a-t-il dit, la France, transformée en Sarkoland, voit ses habitants atteints d'une dangereuse maladie, la Sarkozyte, qui empêche de sourire à tout jamais.
Il nous a tenus pendant bien 5 minutes, réclamant une aide pour son activité non encore rémunérée (un homme lui a même donné 20 euro, et il a demandé au wagon entier de l'applaudir) et disant un mot à chacun, même aux réfractaires.
C'est rien, mais j'avais la banane en sortant de ce trajet. J'aime que des gens mettent un peu de poésie dans la vie.




plusieurs mois après, voici un message que le "Contrôleur du Bonheur" m'a demandé de vous transmettre :
Une dernière chose : dorénavant tous ceux qui veulent me joindre en direct, et lire la chronique "ENTRE LES LIGNES", chronique quotidienne du CONTRÔLEUR DU BONHEUR... pourront le faire en tapant sur canalblog, "contrôleur du bonheur". Cela dit en plus de cette petite annonce, pourrais-tu mettre un lien, s'il te plait ?! Bon sourire à toi, cher "LAPIN GIVRÉ". LE CONTRÔLEUR DU BONHEUR"
http://www.controleur-du-bonheur.com/fr/

lundi 2 février 2009

Lapin des villes, Lapin des champs

Ce matin, dans le métro, tagué sur l'affiche d'un avionneur, ces mots : "Prenez le temps, pas l'avion".
Je fais un métier où on prend rarement le temps, parce que le temps c'est de l'argent - et que je n'ai pas besoin de vous faire un dessin...
Mais je me demande, depuis que j'ai rêvé la semaine dernière en traversant la campagne montagneuse en train d'une maison dans les champs, si un jour je quitterai la ville pour la campagne la plus éloignée, comme le font certains collègues - au risque d'avoir moins de travail, souvent. Ou d'être moins à la maison, au minimum.
Mon envie de vivre seul et retiré dans une petite maison dans un champ est-elle seulement un phantasme de citadin rêvant la campagne - et oubliant la boue, les 5 kilomètres à faire jusqu'à la boulangerie la plus proche et la solitude, attrayante en rêve mais moins amusante au quotidien ? ou bien un vrai désir plus profond ?

lundi 26 janvier 2009

trop-plein

On me demande souvent comme je fais pour gérer mon activité, surtout au niveau du planning. Je réponds que "je prends ce qui se présente et ensuite je fais comme je peux". Et j'ajoute que "ce qui est énervant, c'est quand on me propose deux concerts en même temps".
Car ça arrive, il y a même des jours qui semblent stratégiques, pour des raisons que je n'ai jamais pu éclaircir. L'été dernier, j'ai déjà participé à trois productions quasiment en même temps, et j'aurais pu en faire trois fois plus. Mais c'est normal, c'est l'été et les festivals et...
Mais, par exemple, tout le monde voudrait bien m'engager les 16 et 17 mai prochains. J'ai déjà deux productions différentes entre lesquelles je vais devoir jongler (jongler ça veut dire stresser, prendre des trains super tôt et s'excuser auprès des collègues de n'arriver que pour la dernière répétition...), mais j'ai déjà refusé deux autres productions. Il y a pourtant plein d'autres jours en mai - mais non, tout le monde veut faire des concerts ces deux jours-là.
Alors voilà, que ce soit dit : les 16 et 17 mai, je ne suis plus dispo. Par contre les autres jours...

jeudi 22 janvier 2009

tu sais où tu peux te la foutre, ta crise ?...

un bienfait étonnant de la crise économique ces derniers mois : l'augmentation de l'achat de préservatifs. Moi ça me plaît.

mercredi 21 janvier 2009

Catherine La Grande

C'est amusant l'émotion, parce que ça survient sans prévenir, comme ça d'un coup, et c'est fort.
Aujourd'hui j'ai fait une chose que je ne fais jamais : écouter plusieurs versions d'une même oeuvre, d'une de mes oeuvres de Schumann préférées, sa Fantaisie pour piano seul - pas très original, c'est son oeuvre la plus célèbre et la plus jouée. J'en avais pris trois enregistrements différents à la bibliothèque, auxquels s'ajoutent les trois que j'ai chez moi déjà (quand on aime on ne compte pas). C'est étrange une même oeuvre jouée par des artistes différents, c'est étrange comme elle devient autre sous les doigts de chacun. Ça me passionne.
Dans mes trois enregistrements écoutés aujourd'hui il y en avait un de Catherine Collard. Qui ne s'intéresse pas au piano ne la connaît pas. Qui a moins de 25 ans peut difficilement la connaître, puisqu'elle est décédée en octobre 1993. Pourquoi en ai-je un souvenir aussi précis ? Je venais tout juste d'entrer à la fac à Angers et je me réjouissais de voir que, quelques jours plus tard à peine, cette grande pianiste venait justement s'y produire (oui, je suis un pianiste raté qui adore conséquemment les pianistes, largement plus que les chanteurs...) - la veille de ce concert, j'entends son nom à la radio. Je comprends immédiatement, sans que je puisse l'expliquer, qu'elle vient de mourir. J'ai énormément pleuré. Je me souviens d'avoir joué à ma pauvre manière sur mon pauvre piano une minute de Schumann en sa mémoire, et d'avoir appelé ma mère à son boulot, en larmes. C'est étrange combien cette mort a pu me frapper...
Ce soir, dans ma journée de Fantaisies, j'ai donc joué un enregistrement de Catherine Collard, que je n'avais pas écouté depuis dix ans au moins. Et voilà qu'une forte émotion me saisit, qu'entre ces notes que j'ai déjà entendues par deux fois aujourd'hui se glisse une petite musique qui m'émeut, preuve que le jeu de cette pianiste me touchait et me touche encore, par surprise quinze ans après. Je me sens tout bête, si ému tout seul dans mon appartement. C'est comme si une bouffée de ma vie ancienne venait subitement de me frapper, par surprise. C'est bon de sentir que ces choses-là peuvent arriver, que je peux encore les éprouver.

mardi 20 janvier 2009

tous à la plage...

Je serais bien en peine de dire pourquoi j'ai une telle affection pour Agnès Varda, et depuis si longtemps - il y a dix ans à Angers, elle était venue présenter son Monsieur Cinéma et avait voulu signer un autographe "sur la main" de quelqu'un. J'avais tourné pendant un moment autour d'elle et jamais osé lui tendre la main. Pourtant, à part Monsieur Cinéma, je crois que je n'ai jamais rien vu d'Agnès Varda...
J'avais pourtant très envie d'aller voir son nouveau film, Les Plages d'Agnès : une sorte de rêverie autobiographique construite autour de l'évocation de plages, réelles ou imaginaires. Il y a chez Varda, quatre-vingts ans passés, une incroyable folie d'inspiration (ainsi voit-on la vieille Agnès au sein d'un tableau de son enfance, ou près d'une jeune Agnès de fiction, sans que jamais on perde le fil), une grande drôlerie (quand on la voit traverser Paris après Sète, sur une coque de noix), une immense poésie (avec des dizaines de miroirs posés sur une plage belge, une scène d'ouverture inoubliable) et surtout une capacité tellement remarquable à mêler rire tendre et émotion profonde. Car on rit beaucoup sur Les Plages, quand les bureaux de la production Varda sortent dans la rue Daguerre, dans le XIVème, transformé pour l'occasion en Daguerre-Plage sous le regard incrédule des riverains (alors ça, j'aurais aimé être là-bas ce jour-là !) ; on y pleure aussi, quand Agnès jette des fleurs devant les photos des acteurs disparus, ou quand elle évoque Jacques Demy mourant.
On sort de ces Plages rempli de bonheurs et d'émotions, on sourit encore le lendemain en repensant à madame Varda marchant à reculons tout au long du film - et on a envie de revoir, ou voir, d'autres films d'Agnès...

lundi 19 janvier 2009

dédicace

Vendredi dernier je suis allé, savoureux retournement de situation, écouter Olivier chanter - ben oui, il a envie de rechanter et s'est inscrit dans une chorale, et donnait un concert vendredi.
Les chanteurs s'installent, chantent quelques pièces puis, avant d'attaquer la dernière partie du concert, un homme s'avance et dit d'une voix forte : "nous voudrions dédier ce concert à tous ceux, quels et où qu'ils soient, qui oeuvrent pour la paix au Proche-Orient". Et de commencer à déclamer, yeux fermés et visiblement très concerné par son sujet, un texte d'un poète palestinien.
C'est con, mais ça m'a exaspéré. Non pas qu'on dédie un concert à la paix et ceux qui tentent de la faire, car comment se dire contre - mais qu'on m'enrôle de force dans une sorte de réunion pro-palestinienne. J'ai du mal à distinguer entre Hamas et Fatah qui est activiste et qui est simplement politique mais, comme la majorité des français je suis plutôt du côté de ceux sur qui tombent les bombes - cependant, qu'un mec nous récite, les yeux fermés et se prenant visiblement très au sérieux, largement autant que son sujet, un poème sur les bombes qui tombent et les gens qui meurent, ça me gêne. Parce que c'est un concert (un concert lambda, pas un concert de soutien), pas une réunion politique. Parce qu'on ne m'a pas prévenu que la pause allait se transformer en meeting. Parce qu'il est impossible, quand on est assis au milieu d'une petite église, de se soustraire à ce qu'on ne souhaite pas entendre à cet endroit et à ce moment-là. Parce qu'à moins de passer pour un gros connard, il est tout aussi impossible de dire quoi que ce soit - ne serait-ce que tout simplement : "c'est déplacé".

samedi 17 janvier 2009

Percival Everett, Blessés

Comme je l'ai déjà si souvent dit, je suis un amoureux de livres et de littérature. C'est pour ça qu'un des cadeaux les plus précieux qu'on puisse me faire c'est m'offrir "le dernier livre que j'ai adoré" : c'est fabuleux de découvrir ce qui a ému ou fasciné un ou une ami(e), et, partant, de nouveaéux univers. C'est en tout cas pour moi un cadeau vraiment précieux qu'on m'offre en me faisant partager une passion.
Mathilde m'a offert pour mon anniversaire trois livres de ses derniers "coups de coeur". Allez savoir pourquoi, mais l'un d'entre eux m'a tout de suite donné envie de l'ouvrir et de le lire : Blessés, de Percival Everett. Sont-ce les deux chevaux qui se cabrent sur la couverture ? certainement un peu. Est-ce le titre, ce simple adjectif ? certainement aussi. Allez savoir pourquoi un livre vous invite plus qu'un autre à le lire...
Je viens de terminer Blessés. C'est magnifique. De ces livres qui ne parlent pas beaucoup, qui laissent des zones d'ombre pour que le lecteur puisse s'y projeter, s'y investir peut-être aussi. Où les personnages ne sont pas des héros mais des gens qui composent du mieux possible avec leur existence. Blessés raconte une petite histoire, autour de John Hunt, noir quadragénaire qui élève des chevaux à l'écart des hommes et que les hommes vont rattraper. Une dizaine de personnages à peine composent ce grand petit récit, où on nous donne beaucoup à penser.
Blessés fait penser à un certain, et beau, cinéma américain. Ça pourrait être Fargo, ou surtout No Country for old Men, tous les deux des frères Coen : de ces films où on parle peu, et dans lesquels un drame atroce se noue petit à petit, comme dans une tragédie grecque, pour éclore dans les derniers instants, inéluctable. Quand le générique tombe, quand la dernière page se tourne, c'est brutalement. Le spectateur/lecteur est au milieu du chemin : à lui de comprendre ce que tout cela signifie. C'est de la littérature, ou du cinéma, qui rend intelligent et, surtout, sensible.

Percival Everett, Blessés ; Actes Sud collection Babel ; 271 pages, 7,50 euro.

vendredi 16 janvier 2009

réimpression

La nouvelle est suffisamment rare pour être fêtée : un enregistrement auquel j'ai participé est en rupture de stock moins de deux mois après sa publication - ça ne m'était bien entendu jamais arrivé, et je crois que c'est, dans le disque classique, un fait très peu fréquent.
Je suis heureux non pas pour ma gueule, parce que ça n'aurait aucun sens, mais parce que tout le travail et les concerts qui ont précédé cet enregistrement ont été de grands beaux moments de musique partagée, parce que l'enregistrement a été intelligemment fait, après quatre concerts qui nous avaient permis, à nous interprètes, de bien expérimenter et approfondir cette oeuvre, de vivre avec elle.
Le résultat est là : le disque est beau, plein de lumière et d'intériorité, de belles couleurs dont nous sommes tous fiers ; la critique est excellente - l'éditeur retire de nouveaux exemplaires. C'est une belle nouvelle, dans la grisaille de ces premiers jours de l'an.

dimanche 11 janvier 2009

faux-amis



J'ai fait cette photo il y a une semaine au parc du Campo Grande, à Valladolid.
Ca me fait toujours rire bêtement les faux-amis : là, ça veut tout simplement dire "interdit de marcher"... Par contre, il n'était, compte tenu du nombre d'emballages de capotes qu'il y avait dans ce parc, visiblement pas interdit de follar - mot dont le faux-ami serait besar...

mercredi 7 janvier 2009

Quand j'étais petit, j'amenais des bonbons pour mon anniversaire, comme tout le monde. Mais je me souviens d'au moins un anniversaire, celui de mes 5 ans j'imagine puisque j'étais chez madame Teillet, où tout était givré et où nous devions être une dizaine à peine. Je me revois, probablement un peu triste, face à la cour "des petits" vide, gelée.
Je me souviens aussi du jour où j'ai eu 10 ans, en 1986 : à ce moment-là aussi il faisait froid, et c'est exactement le moment que le chauffage du collège où j'étais interne a choisi pour tomber en panne. Il sortait des petites paillettes scintillantes des robinets le matin, on dormait avec nos manteaux sur les lits - mais on a eu cours, les trois jours que la panne a duré.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu un anniversaire givré - mais Paris pris dans la glace, c'est joli et féerique. Je retrouve mon âme d'enfant, un petit peu, devant ce blanc et le bruit des pas dans la neige fraîche.

mardi 6 janvier 2009

impair et passe

Voilà, ça y est : c'est l'an Neuf.
Ca tombe bien parce que j'aime pas trop les années paires. Allez savoir pourquoi - mais elles sont toujours, enfin depuis quelques années, pas terribles pour moi : 2004 et 2006 ont été des années totalement pourries, alors que 2007 a vraiment été une super année, par exemple.
Et 2008 alors ? Ca a bien commencé, moins bien continué, puis c'est carrément allé de mal en pis niveau santé. Heureusement qu'Olivier était là à ce moment-là, parce que je crois que j'aurais totalement pêté les câbles.
Puis les beaux jours sont arrivés, la réconciliation tant attendue et si douce à vivre, l'été laborieux et si heureux, si plein de belle musique et de beaux moments de partage autour de notre si noble art, récompensés par un joli disque. On croyait que tout était bien, que l'art partagé suffisait - et patatras, voilà que la maladie et la méchanceté me rattrapent, tellement violemment que j'en suis tout secoué.
Alors ? je sais que 2009 ne sera pas rose, parce que l'expérience a prouvé que les jours qui pourraient être symboles de paix ne le sont pas pour tout le monde et qu'il n'y a conséquemment pas de raison pour que les saletés de 2008 se soient arrêtées à la limite imaginaire d'un an Neuf. Je sais aussi que ce qui ne te tue pas te rend plus fort, et que de ce fatras dans lequel j'ai été plongé je ressortirai grandi, non pas aux yeux des autres mais simplement (et c'est là le plus important !) aux miens, dans mon processus d'individuation, comme disent les psys. En plus demain j'aurai 33 ans - l'âge de la résurrection m'a dit Mathilde : tout un beau programme alors !
Alors, sans être candide mais très sincèrement néanmoins, je nous souhaite à tous une belle année 2009. Puissions-nous réaliser combien notre mode de présence au monde est primordial, vital, et apprécier tout simplement ça : être vivants.