dimanche 6 juillet 2008

allégresse

Dans notre (beau) métier de musicien, on a tendance à enfiler les concerts comme des perles, aidé en cela par leur multiplication (dieu merci ! puisque j'ai la chance de pas mal travailler...) et par le fait que, dans l'ensemble Truc ou dans l'ensemble Machin, les collègues soient en fait souvent les mêmes : c'est comme si on était ensemble et que les choses avaient une sorte de permanence. On a malheureusement tendance à oublier qu'on est là pour susciter l'émotion, ou au moins l'intérêt, chez ceux qui nous écoutent... Et à oublier que si on est là, c'est aussi dans notre intérêt, pour apprendre, faire mieux, se laisser motiver et se faire avancer par ceux qui sont en face de nous, qui nous engagent bien sûr mais aussi qui nous amènent plus loin dans notre (beau) métier de musicien.
Ce long préambule pour expliquer mon allégresse du jour - je participe à une production qui a commencé hier et qui m'angoissait un peu : avec un nouvel employeur, au sein d'un ensemble qui a le vent en poupe, au sein d'une équipe épatante - donc inquiétante pour moi, éternel petit chanteur dans mon âme. La trouille, quoi, celle qui te bloque les épaules et les mâchoires.
En plus, c'est pour chanter une oeuvre qui me tient tout particulièrement à coeur, la Passion selon saint Jean de Bach, une de ces oeuvres qui m'ont fait devenir chanteur et avec lesquelles je sens, en tant qu'interprète, la plus grande proximité - intellectuelle, vocale, sensuelle aussi.
Bien qu'Howard dise de moi que je suis "born to be an Evangelist", là je chante les choeurs, dans une version à 8 chanteurs. C'est très peu, et c'est passionnant. Et puis quel bonheur quand, quand on chante une oeuvre qu'on a déjà donnée 15 fois et qu'on connaît par coeur, on entend des nouvelles choses, quand le chef suscite de nouvelles choses - quel bonheur quand le travail professionnel (payé, en un mot !) nous en apprend autant, nous fait finalement, par le simple fait de la musique, mieux chanter qu'avant : progresser, tout simplement. C'est assez rare, dans un métier où on nous demande de (bien) faire ce qu'on sait faire (on s'est quand même cogné des années d'études, sans parler des quotidiennes remises en question... c'est pas pour être incapable d'autonomie, quand même !), souvent par manque pur et simple d'argent, et donc de temps.
Continuer d'apprendre son métier et en retirer un telle exaltation est rare - et grisant.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pouvoir vivre de son art ou de sa passion, quelle chance !!!