lundi 30 juin 2008

putain, quinze ans


C'était il y a 15 ans : les résultats du bac, la mention et puis l'emménagement à Angers, la vie universitaire, plein d'espoirs nouveaux qui s'offraient à moi.
15 ans... presque la moitié de ma vie. Pourtant je m'en souviens comme si c'était hier, de notre vieux prof de philo venu nous soutenir et rigoler (c'était pourtant pas son genre, tout le reste de l'année...) avant l'épreuve, de mon oral de maths et de mon incrédulité à l'annonce des résultats par mon père en pleurs - c'était l'époque où mon père et moi on avait du mal.
15 ans... c'est très long quand on y pense, et pourtant c'est passé comme un clin d'oeil. Un autre clin d'oeil et j'aurai... 47 ans - mon Dieu... Comme je l'ai déjà dit, je n'ai pas peur de vieillir mais peur de me retrouver vieux, de dire comme ma mamie "mais j'ai l'impression d'avoir soixante ans" quand elle en a eu 95...
Et c'est pas mes premiers cheveux blancs qui vont me rassurer...

samedi 28 juin 2008

"de moi vous osez vous fouter ?!"

Alors voilà : quand on va beaucoup au cinéma, et même si on choisit un peu, on s'expose à voir de bonnes daubes. Petite revue de détail...
Je suis allé voir hier Bons Baisers de Bruges, une sorte de polar avec Colin Farrell, tueur à gages coincé à Bruges après une bévue. "Bruges est un trou à rats et on va s'y ennuyer", dit-il dès le début : pari gagné, sans conteste - il est heureusement rarissime que je sorte ma montre au milieu d'un film pour voir combien de temps il reste, mais hier je l'ai fait... Tout s'étire en longueur, certains dialogues sont incroyables (à mon avis ils avaient du temps à remplir, pour faire des textes aussi plats et longs...), les situations abracadabrantesques - le film hésite tout le temps entre sérieux et pastiche, et le spectateur entre incrédulité et colère.
Mais ce n'est rien à côté de Phénomènes, le dernier film de M. Night Shyamalan ! j'avais beaucoup aimé Sixième Sens, avec Bruce Willis, il y a quelques années, en ce qu'il mêlait paranormal et réalité avec beaucoup de doigté et de cohérence. Là, il n'en est rien : d'une situation étrange (des gens se suicident par dizaines subitement) il en tire - absolument rien, si ce n'est une vague morale écolomoralisante à deux balles et, surtout, pas d'explication cohérente. Et que dire de scènes invraisemblables (le couple héros, survivant à grand peine, décide subitement de se sacrifier, en une scène très davidhamiltonienne du pire effet), de portes ouvertes par le scénario jamais exploitées (notre couple héros séparé, les deux protagonistes ne pouvant que se parler sans se voir), ou encore d'une fin qui n'a rien à voir avec le potage (la dame du couple héros, évidemment miraculeusement épargné, est enceinte...) ? rien, sinon qu'on a vraiment l'impression d'être pris pour des cons, en toute simplicité.
Si vous avez une carte d'abonnement et du temps à perdre... sinon, allez voir Sagan ou Valse avec Bachir, bien plus questionnants.

vendredi 27 juin 2008

homme à lunettes...

Ca fait trente ans que j'ai des lunettes et ça ne m'était jamais arrivé : les perdre - en faisant du vélo dans Paris : elles ont glissé de mon sac (ça m'apprendra à bien le fermer...)...
Il m'a donc fallu retourner chez un ophtalmo (et pan, 60 euro...) puis, sainte horreur, choisir de nouvelles lunettes. Pour moi, les lunettes c'est comme un téléphone : c'est juste là parce qu'on en a besoin, pas pour être joli ou je ne sais quoi. "Erreur", s'écria Olivier, qui m'emmena chez un lunettier design et cher où je me sentis le plus piteux des hommes : pourquoi mettre 300 euro dans un truc simplement utile ? Lunettier chez lequel on constata que l'original n'était pas vraiment fait pour ma banale tête - ou alors que ma tête était déjà tellement originale qu'il n'était nul besoin d'en rajouter, je laisse l'interprétation à votre loisir.
A la suite de quoi nous écûmâmes les lunettiers banals de Paris à la recherche de la lunette moins-originale-mais-un-peu-quand-même que je pourrais porter. Et nous la trouvâmes finalement, après une heure d'horreur découragée où je constatai que ce qui me plaisait était à la mode au siècle dernier...
Alors voilà : demain, jour de Gay Pride et de gloire, je retrouverai des lunettes. Enfin : mes yeux me piquent et me brûlent ("est-ce que ça vous chatouille ou est-ce que ça vous gratouille ?") et j'en ai plein le dos...

mardi 17 juin 2008

"c'était il y a longtemps"

On dit qu'une personne âgée qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle - avant que celle de ma grand-mère ne brûle, j'en tire tous les livres que je peux.
J'ai vu ma grand-mère samedi dernier, pendant environ une heure. Tout seul - j'aime bien la voir seule : je lui laisse le temps de penser, de parler tranquillement, je ne finis pas ses phrases à sa place comme le fait ma mère... Du coup elle me parle de choses très anciennes : samedi, c'était du temps de son mariage, de sa belle-mère - que j'ai connue petit -, de comment elle a élevé ses frères après la mort de ses parents... Recevoir ces confidences me réjouit. Je me sens comme le dépositaire d'une toute petite histoire, mais d'une petite histoire qui est une part de la mienne. J'ai de la chance de pouvoir en profiter.
Mais nous courons contre la montre : à chaque fois que je quitte ma grand-mère j'ai l'impression que c'est pour la dernière fois. Quand je suis parti samedi, elle a laissé très longtemps sa main gauche sur mon avant-bras droit, peut-être pour m'empêcher de la laisser seule trop vite ? peut-être pour sentir avec moi un contact profond, silencieux, entre nous ? quatre jours après, je sens encore la brûlure de sa main sur ma peau. Je sais que j'aurai encore cette empreinte après sa mort, et qu'elle me liera à elle profondément, par-delà les souvenirs partagés.

lundi 9 juin 2008

petit sorcier

C'est Gilles qui m'a le premier encouragé à lire Harry Potter, après que je lui aie dit que je n'aime pas la science-fiction. Il m'a répondu que je passais vraiment à côté de quelque chose de formidable - alors, comme je considère Gilles comme l'homme le plus cultivé et de bon goût que je connais, je me suis fait offrir le collection complète, en plusieurs Noëls. Et je l'ai lue intégralement.
Deux mois et près de 4500 pages plus tard, je dis haut et fort que c'est vraiment remarquable, et que le succès de J.K.Rowlings n'est vraiment pas usurpé.
Bon : Harry Potter, ça commence un peu comme Le Club des Cinq au pays de la Magie, et il faut bien attendre le troisième des sept volumes pour que ça devienne un peu intéressant - faut-il rappeler que ces aventures sont destinées à des enfants à partir de 9 ans ?!... mais une fois attrapé le troisième volume, et même si le cinquième supporterait allégrement un coupe de trois cents pages - on ne peut plus décrocher.
Ce qui est véritablement fascinant dans cette imposante série, c'est de se rendre compte dans les derniers volumes que tout était en place dès les premières lignes, que rien n'avait été laissé au hasard dès le début - et que le phénoménal succès n'a certainement pas amélioré l'histoire, qui était de toute façon en béton armé. C'est vraiment une élaboration que je trouve assez parfaite : petit à petit, des aventures qu'on croyait closes se relient entr'elles et trouvent une nouvelle cohérence. Cette série est, au minimum, un jeu d'esprit prodigieux et véritablement époustouflant - tenir avec brio sur une aussi longue course !...
En plus, ma copine Aurélie, qui connaît tellement bien les fées et les elfes qu'elle écrit sa thèse sur ce sujet, dit que madame Rowlings est inattaquable au niveau de la mythologie féerique - et on côtoie souvent des préoccupations philosophiques majeures de l'existence : il est en particulier beaucoup question de la mort dans Harry Potter, et de choix. Mais aussi, et c'est ça qui est drôle et agréable, du premier baiser et des techniques de drague. Tout ce qui fait la vie d'un ado, en quelque sorte !
Je comprends désormais pourquoi tant d'adultes ont cédé (certains avec exagération, je le reconnais : ainsi ce collègue qui m'a dit avoir relu chacun des volumes à la sortie du suivant...) aux charmes du petit sorcier. Je comprends aussi ce minuscule petit garçon que j'avais vu dans le bus, il y a environ quatre ans, tirer de son sac à dos avec une évidente gourmandise un livre probablement aussi lourd que lui - un Harry Potter -: qui d'autre fait lire avec gourmandise des livres de mille pages à des jeunes enfants ?...

Nés en 1968

Je croyais que les français ne savaient pas faire de grandes sagas historiques au cinéma (ce que les italiens réussissent avec tellement de brio : voyez Nos meilleures Années et Mon frère est fils unique) - eh bien le dernier film du duo Ducastel-Martineau m'a prouvé le contraire ce soir.
Il faut dire qu'ils savent faire des films ces deux-là : qui n'a pas vu Jeanne et le garçon formidable, première comédie musicale sur le SIDA, ou Drôle de Félix, sorte de parcours initiatique d'un jeune homme qui traverse la France, doit le faire absolument !
Nés en 1968 est donc une saga, qui retrace les quarante dernières années de la société française à travers le prisme d'une famille, dans un sens très large : une douzaine de jeunes français partent vivre en communauté après 68, où ils vivront de l'air du temps et de leur travail de la ferme, et feront l'amour nus dans l'herbe... Le film nous montre comment cette communauté s'étiole et, surtout, ce que deviennent ces gens, et leurs enfants - en un mot, l'héritage de mai 68, pour reprendre une expression Sarkologique. L'occasion pour les cinéastes de réfléchir sur cet héritage, justement : qu'est-ce qu'il est devenu, comment ceux qui ont vécu cette époque vivent-ils désormais ? et comment leurs enfants l'envisagent-ils, le perpétuent ou le renient-ils ?
Je m'en suis tellement gaussé fut un temps que je dois le reconnaître maintenant : Laetitia Casta est formidable en fil conducteur de cette saga. Quelle beauté, déjà - et quelle justesse dans les changements d'humeur (et d'âge !) de Catherine. Il faut dire que les réalisateurs lui ont taillé-là un rôle merveilleux de femme qui tient tête aux années et aux aléas de la vie. Mention particulière aussi pour Christine Citti, habituée des seconds rôles et ici tout particulièrement touchante en mère perdue... et à tous ces beaux garçons, pères et fils, qui nous réjouissent l'oeil aussi !

sur la photo

C'est Nicolas, le parrain d'Albane, qui a fait cette photo, le jour du baptême de ma nièce. Il ne savait certainement pas ce qu'elle a d'historique...
Au milieu et en bleu, c'est moi. A ma droite, ma maman et André, son ami. A ma gauche, mon père et Camille, son amie. Réunir tout le monde sur une seule photo est historique, tout comme l'était cette journée du 25 mai.
Quinze ans que mes parents sont séparés et que mon père vit avec Camille, qui était auparavant une amie du couple. Classique...
La relation entre mes parents après le divorce a mis près de sept ans à se stabiliser - entendez : il ont mis tout ce temps à ne plus se faire la guerre. Et même, il y a environ cinq-six ans, grâce à (à cause de...) la maladie de l'ami de ma mère, ils se sont un peu rapprochés. Mais, à part se dire vaguement bonjour, les deux femmes ne s'étaient plus approchées depuis quinze ans.
Le baptême, en ce qu'il offrait la possibilité (l'obligation...) de se retrouver tous ensemble, a été l'occasion pour elles de se revoir et de se reparler, avec force larmes - que je n'ai pas été le dernier à verser, évidemment. Voir cette image est totalement incongru, et montre un nouvel état des choses : des relations normalisées entre les deux couples. C'est une belle perspective.
Pas étonnant que cette réconciliation se soit déroulée sous les auspices d'Albane, qui est je crois un ange du ciel.