mardi 30 septembre 2008

moderne Princesse

C'est drôle la mémoire : je n'imaginais pas me souvenir de ce petit passage de Proust mais en fait si ! Il est un moment dans Le Côté de Guermantes où le Narrateur se rend compte qu'il s'est trompé sur le compte de sa servante, Françoise, et que son langage qu'il tenait pour "parsemé d'erreurs" est en fait comme une sorte de ressurgissement d'un parler plus ancien, et conclut en disant que Françoise est "en réalité la contemporaine de ces Français de jadis" (édition Folio, page 18) - eh bien je me suis rendu compte que ma grand-mère (pas cette mamie-là, mon autre mamie) est aussi une contemporaine des français de jadis...
En effet, j'ai toujours tenu pour patoisante la tournure "hier au soir" que ma grand-mère utilise souvent : eh bien v'là-t'y pas que je la retrouve sous la plume, vraiment pas patoisante, de Madame de La Fayette dans La Princesse de Clèves... Mamie, tu es une grande dame.

Car voilà : je relis La Princesse de Clèves, 17 ans (17 ans...) après l'avoir étudié en classe de seconde (seconde 1, c'est marqué en première page...). J'en avais gardé un bon souvenir et il me souvient de m'être dit que j'aurais bien envie de le relire un jour : c'est la seule raison que je vois pour que ce volume scolaire soit toujours dans ma bibliothèque, et non encaissé chez ma mère.
Relire La Princesse de Clèves semble être un acte anti-sarkozyste ces temps-ci : après que notre auguste Président en a dit, et redit, pis que pendre, il me semblait bon de retourner juger à la source.
D'autant que deux films sont sortis la semaine dernière qui, il n'y a pas de hasard, l'évoquent, brièvement (le livre que lit la soeur d'Agathe dans Parlez-moi de la pluie d'Agnès Jaoui n'est autre que... La Princesse de Clèves !) ou plus directement : ainsi La belle Personne de Christophe Honoré que j'ai vu avec un très grand plaisir. J'aime bien Christophe Honoré : il fait des films où les gens parlent comme on ne parle jamais dans la vraie vie, et où ils vivent des situations improbables qui émeuvent pourtant tout le monde... je me disais en voyant La belle Personne qu'Honoré serait bien le Truffaut de notre temps, et Louis Garrel son Léaud. Il est là Nemours, professeur d'italien qui tombe amoureux de Junie aux dépens de Grégoire Leprince-Ringuet (autrefois son petit amant en slip rouge...) - et il est bon, Louis Garrel. Le film est doux et triste, moderne malgré son parler impossible : oui, j'aime bien Christophe Honoré.
Et la vraie Princesse alors ? tous mes copains cinélivrophiles me disent "oui, il faut que je le relise" : moi je suis le courageux qui s'y est collé. Eh bien, c'est simple : quel chef d'oeuvre ! quelles délices merveilleuses offrent ce petit texte. Alors oui, c'est un monde dans lequel il faut entrer, cette courtoisie si chère au 17ème siècle, ces sentiments qui ne sont qu'à peine exprimés ou contenus mais qui brûlent si fort, en fait. C'est vrai, Président : on est loin de TF1, la Star Ac', Jean-Marie Bigard ou Christian Clavier - mais peut-être prendre un peu de recul ou, sans mauvais jeu de mots, de hauteur, n'est pas, de temps en temps, une mauvaise chose. Peut-être que madame de La Fayette emmerdera 9 futurs postiers sur 10 - mais le 10ème, croyez-moi, il aura découvert un monde fabuleux qu'il ne soupçonnait certainement pas et qui l'émerveillera profondément. Il aura eu la chance de lire cette splendeur :
Quelque application qu'elle eût à éviter ses regards et à lui parler moins qu'à un autre, il lui échappait de certaines choses qui partaient d'un premier mouvement, qui faisaient juger à ce prince qu'il ne lui était pas indifférent.
Oui : beaucoup plus de délicatesse que dans une photo à Disneyland - mais je sais de quel côté je préfère être...

lundi 29 septembre 2008

vous pouvez répéter la question ?

Samedi, dans la voiture qui nous menait au concert, cette discussion avec un de mes collègues :
"Comment va Bernard ?
- Ben... il est mort il y a deux ans..."

C'est étrange : je croyais que tout le métier avait instantanément appris la mort de Bernard, parce que ça a fait l'effet d'une bombe, surtout pour nous qui étions aux premières loges, et qu'on en a tellement parlé - mais il semblerait que non, tout le monde ne soit pas au courant.
C'est étrange.

mercredi 24 septembre 2008

Ange du Paradis




Ce soir-là j'étais allé au cinéma sur les bords du canal de l'Ourcq, cet endroit de Paris si beau, surtout la nuit, avec ses deux cinémas qui se font face, et les lumières qui se reflètent sur l'eau. Il émane de cet lieu un calme apaisant que j'aime à retrouver, chaque fois que je sors d'une séance, la nuit tombée.
Ce soir-là, j'étais donc heureux, tout simplement. Sans autre raison.
C'est le lendemain matin, à 8 heures et demi, que j'ai reçu un appel de mon frère - j'ai tout de suite su de quoi il s'agissait : leur bébé était né. "Albane est née hier soir à 23 heures 35", m'a-t-il dit. Tout de suite j'ai eu l'impression d'un changement, même pour moi : une vie était apparue qui n'était pas là 24 heures avant, un petit être venait de prendre sa place dans notre vie et notre monde - sensation indéfinissable d'un bonheur indescriptible.
J'ai sauté dans le TGV pour aller prendre ma nièce, si chaleureusement attendue, dans mes bras. Petit bébé d'à peine 14 heures au moment de cette photo, jeune tonton bouleversé de voir cette petite vie toute chaude, ce petit être déjà un être à part entière, avec ses sourires et ses rêves, ses premiers rêves dans les bras d'un autre jeune tonton émerveillé...
Tout ça, c'était il y a un an, tout juste.
Depuis, ce bébé si petit a dénoué les noeuds, consolidé les liens, réconcilié les fâcheries - je crois vraiment qu'Albane est un ange du ciel, oui.
Joyeux anniversaire, bébé. Je t'aime comme un fou.

dimanche 21 septembre 2008

mauvais oeil

Le truc qu'on peut dire, c'est que Maurice a la scoumoune...
Il y a deux ans, lors du premier concert que nous devions donner ensemble, Christophe a dû prendre sa voiture et arriver une bonne heure en retard au raccord (cette répétition d'avant-concert) parce qu'il n'y avait pas de train : un hélicoptère avait coupé des caténaires (décidément, les caténaires...). On croit tous encore qu'il nous a menti...
Lors du second concert c'était moi qui étais out : j'avais éternué (éternué !) et je m'étais fait une entorse du larynx et un hématome aux cordes vocales - je ne savais même pas que ça existait, et mon ORL m'a dit qu'elle n'en avait pas beaucoup vu. Impossible de chanter, j'ai dû me faire remplacer. La veille pour le lendemain.
Ensuite, on a fait un disque - là, moi j'avais une pharyngite et une fièvre de cheval et l'autre Christophe s'est un matin réveillé totalement bloqué : lumbago des familles... Il avait l'air malin, avec sa ceinture lombaire pour respirer et chanter. But he did it !

Deux ans ont passé. La semaine dernière, on répétait notre nouveau programme, pour encore deux concerts et un disque. Au deuxième jour des répétitions, Christophe (celui de l'hélicoptère et de la caténaire...) fait une manoeuvre à moto devant sa maison et se brise le bras en petits morceaux, avec opération d'urgence et tout - même pas en faisant une double vrille ou quelque chose de spectaculaire : simplement en reculant et en faisant une fausse manoeuvre... Résultat : on répète sans lui, en priant le ciel pour qu'il soit rétabli pour les concerts du week-end, et en tablant sur une bonne répétition l'après-midi même du concert - hier, donc.
Hier, nous montons dans le train pour nous rendre dans le Nord. A Saint-Quentin changement de train, normal - mais le train, tout beau et à quai, allait y rester : pas de contrôleur. Panique dans la gare, bus de remplacement (le chauffeur ne connaissait pas lui-même l'itinéraire...), nous voilà partis en déshérence dans l'Aisne, dans des petits villages bien jolis nichés au coeur d'une campagne vraiment profonde : nous avons mis deux heures là où le train mettait 46 minutes, et nous sommes arrivés avec 1 heure 40 de retard. Sans qu'on nous propose de dédommagement, il va de soi puisque c'est un TER et que c'est quand même pas important (décidément, la SNCF...).
Nous sommes donc arrivés sur le lieu du concert à peine une heure et demie avant le début de celui-ci et, pour ainsi dire, nous avons lu pour la première fois le programme tous ensemble devant les auditeurs. C'était l'ouverture de la chasse, une sorte de gigantesque stand de tir aux pigeons d'argile.
On doit enregistrer en novembre - que pourra-t-il bien nous arriver alors ? parce que, c'est un fait : Maurice a la scoumoune...

vendredi 19 septembre 2008

swinguez !

Je suis allé cette semaine voir Rumba, un film d'un collectif d'acteurs-réalisateurs (Fiona Gordon, Bruno Romy et Dominique Abel) qui s'étaient déjà fait connaître avec L'Iceberg - que je n'avais pas vu.
La critique parlait d'un film extrêmement drôle et silencieux, à la Tati : je me suis donc empressé d'aller voir ce météore d'une heure un quart. L'histoire ? un couple de professeurs est danseurs de rumba. Un jour, en rentrant d'une compétition, ils ont un accident : l'un perd la mémoire, l'autre une jambe. Comment vous-ils, dès lors, vivre leur vie ?
Avec cette histoire qui pourrait être du plus pur pathétique, le trio réalise un film particulièrement drôle, avec des gags visuels tout droit tirés de Buster Keaton et de Tati, évidemment (on a d'ailleurs un décalque des Vacances de monsieur Hulot dans la dernière scène, si les choses n'étaient pas assez claires...) : une sorte de mixte entre le réalisme enfantin de Oui-Oui et des gags de série B avec une jambe de boie en feu (!) qu'un Tim Burton serait bien capable d'inventer...
La seule critique que je ferais, c'est la longueur de certaines scènes - difficile de dire qu'on peut raccourcir un film d'une heure un quart, mais un ou deux petits coups de ciseaux par ci par là ne serait pas superflu, et le film y gagnerait en drôlerie, c'est évident !
Si vous voulez voir un cinéma comme je croyais qu'on n'en faisait plus et rire, incroyable, en entendant la simple phrase "my dog likes spicy rice" - ne ratez pas Rumba, si seulement vous avez la chance qu'il passe par chez vous.

un temps que les moins de 20 ans...

Je ne sais pas comment c'est ailleurs qu'ici - mais à Paris, il y a une sorte de gang des organistes : ils se connaissent tous, se refilent des plans ("si tu accompagnes ma messe de samedi dans telle paroisse je pourrai aller jouer dans telle autre parce que le titulaire joue à Saint Louis en l'Île pour remplacer Benjamin") et ont un argot bien à eux : "j'ai fait quatre soudures ce week-end" (i.e. : j'ai joué pour quatre mariages), "en 2003, j'ai fait plus de viande froide que jamais auparavant" (i.e. : j'ai joué pour plein d'enterrements).
Hier, j'ai donc fait une viande froide - quelle horreur ce mot : j'ai chanté pour un enterrement. Évidemment, j'ai fait les soudures (ça, c'est plus rigolo !) de tous mes amis, mais là c'était une commande, quelqu'un que je ne connaissais pas m'ayant demandé de chanter pour la cérémonie d'enterrement de l'un de ses amis. Étrange, parce que les enterrements me mettent toujours mal à l'aise...
Après moult péripéties pour contacter un organiste (je veux dire : un qui soit libre), je me rends à l'église dite à l'heure dite pour répéter un peu avec celui qui allait accompagner la cérémonie : l'ancien titulaire (parce qu'on est titulaire d'un orgue), désormais à la retraite et titulaire honoraire - "je n'ai jamais autant travaillé que depuis trois ans que je ne travaille plus", me dit-il !
On ne se connaissait pas, alors il me demande si je suis un habitué des charges liturgiques et, devant ma réponse négative, me demande ce que je fais, alors.
"Concertiste", lui réponds-je.
"Ah, très bien ! et vous chantez au Choeur de l'Opéra ? ou à l'O.R.T.F. ?"

mercredi 17 septembre 2008

classe de maître

Olivier m'a fait la surprise de m'emmener hier soir au Théâtre de Paris voir Master Class, la pièce de Terence McNally interprétée par Marie Laforêt dont on avait déjà tellement parlé en 2000, et pour lequel elle avait gagné un Molière de la meilleure actrice.
Le texte est très largement inspiré des dernières master classes que donna Maria Callas, à la Juilliard School à New York en 1972, alors qu'elle était de longtemps privée de sa voix...
C'est une nouvelle adaptation, une nouvelle distribution et une nouvelle mise en scène. Je n'avais pas vu la première donc je ne peux pas comparer - mais j'ai été, comme toute la salle, particulièrement fasciné par la prestation de la comédienne qui, pendant près de deux heures, est quasi seule à parler, à habiter un si extraordinaire personnage.
Car c'est bien Maria Callas qui est le personnage central de ces leçons : en tant qu'enseignante bien entendu, même si elle dit à plusieurs reprises qu'elle n'est pas là, qu'il ne faut pas la regarder et que ce n'est pas elle la vedette de la soirée - même si elle est omniprésente... (ça, c'est du Callas dans le texte, je suis sûr) - mais surtout, par ses longs soliloques quasi fantômatiques, en tant que Maria Sofia Kalogéropoulos, cette femme grecque si terriblement seule et blessée qui se cachait derrière la si célèbre artiste.
La première partie est magnifique, qui nous montre la vieille diva exécrable avec tout le monde, totalement centrée sur elle-même et ses anciens succès, qui va petit à petit s'humaniser, jusqu'à la fin de la première partie (par un artifice totalement extraordinaire que je ne révélerai pas !), véritable apogée de la pièce. Après la pause, la seconde partie ne tient malheureusement pas les promesses de la première : elle est plus banale, plus convenue (on y croise deux types de chanteurs particulièrement marqués : la soprano imbue d'elle-même et le ténor con comme ses pieds mais qui chante divinement) - et un peu décevante lorsqu'on nous ressert, un peu froid désormais, le même génial artifice qui concluait la première partie (celui dont je ne dirai toujours rien).
Pour la performance de Marie Laforêt, magnifique, et pour apprendre un tout petit peu de la femme qui se cachait derrière la chanteuse (et entendre quelques phrases particulièrement cinglantes sur les réalités de notre métier d'artiste...), il faut aller voir Master Class. Puis-je me permettre de conseiller à ceux qui, comme moi, était scotchés à leur siège à la fin de la première partie - de rester sur cette émotion forte et de partir à l'entracte ?

lundi 15 septembre 2008

mon cinoche

l'entrée de chez moi aujourd'hui...

Cet après-midi, en sortant de chez moi pour aller faire des courses, je vois ça : des chaises et tout un attirail qui ressemble beaucoup à du cinéma. En sortant dans la rue, plus de doute : des caméras partout, et des techniciens qui montent du matériel.
En rentrant de mon supermarché, avec de quoi faire un pâté aux prunes pour Olivier qui adore ça, il pleut devant ma porte (et seulement devant ma porte), j'entends "moteur action" puis tout de suite "coupez, on n'a pas de son". J'en profite donc pour me glisser chez moi, avec la permission d'un technicien (qui s'est ensuite fait engueuler, le pauvre : "on laisse entrer personne - mais il habite là" - de toute façon, s'il m'avait obligé à rester dehors c'est moi qui l'aurais engueulé, le pauvre !) - et je me retrouve nez à nez avec Elsa Zylberstein, qui j'avais tellement adoré dans le film de Philippe Claudel.
Comme quoi il n'y a pas que mon coiffeur qui a le droit de côtoyer les stars...
Je vous préviendrai quand le film sortira !

dimanche 14 septembre 2008

bébé nageur

what else ?!

alors ça, si c'est pas un bébé de magazine je ne sais plus quoi dire...

Albane a passé quelques jours avec son papi et Camille,
et apparemment ils se sont bien amusés à la piscine...

jeudi 11 septembre 2008

nine eleven

L'autre jour, cette affiche dans les couloirs de la gare de Caen : "et vous, où étiez-vous le 11 septembre 2001 à 14h46 ?"
Ben c'est simple : j'étais dans les rayons d'un magasin de partitions, rue de Rome à Paris. J'entends la vendeuse parlant avec un client : "oui, il paraît que des avions se sont écrasés dans les tours du World Trade Center". Je sors de mon portefeuille mon billet d'entrée pour le WTC, quelques mois avant (j'y étais monté le 10 février, pour mon premier passage à New-York, au cours d'une tournée où on chantait, justement, Actéon), et je sors du magasin : trois quarts d'heure de métro pour me retrouver, comme des millions de personnes, devant ma télé à regarder jusqu'à satiété les images des avions explosant ou des tours s'affaissant.
Un mois plus tard, tout juste, j'étais de nouveau à New York, devant Ground Zero fumant encore, entouré de gens qui pleuraient (l'image de ce vieux monsieur pleurant tout seul, derrière moi, n'est pas prêt de s'effacer de ma mémoire). Il meurt des milliers de gens chaque mois dans des attentats en Irak ou au Pakistan, et c'est ceux-là qui me marquent le plus : pourquoi ?

mercredi 10 septembre 2008

prise 277

alors là c'est la bonne - en tout cas c'est la dernière : le montage final de ces quelque 50 secondes de musique sera un savant mélange de toutes ces prises, et des trois ou quatre autres faites avant que je ne commence à filmer - une note (une note !) de cette prise, deux mesures, de celle-là, et trois de cette autre.
Voilà : c'est ça la réalité, pas glamour du tout, de l'enregistrement de disques : refaire, encore et encore, et ne pas savoir ce qui sera dans le disque, parce qu'on n'est pas au montage au moment du choix des prises...
Normalement, ce duo enchaîne sur un choeur - qui n'est pas présent au moment de l'enregistrement : il a été enregistré la veille et, au montage, on n'y verra que du feu !... moi, maintenant, pour me souvenir de toutes ces galipettes faites au moment de l'enregistrement (on enregistre la page 4 avant le 1, puis la 2 et la 5, et enfin la 3, mais seulement le lendemain, parce qu'il n'y a pas de choeur, par exemple...), je garde les plannings d'enregistrement...

prise 276

alors là c'est encore plus court : quelqu'un a dû se planter, on s'arrête au bout de quatre secondes...

prise 275

troisième et dernier jour d'enregistrement, prise 275 : sortie de piste au bout de quelques secondes - Dieu, les micros et le directeur artistique, relié à celui-ci (et peut-être à celui-là, qui sait ?!), savent pourquoi. Les artistes devant les micros, non.

mardi 9 septembre 2008

"Ciel, je suis découvert !"

Ce sont les mots que chante Actéon quand, observant Diane et ses soeurs au bain, il est apreçu par la déesse, qui va le transformer en cerf. Tout ça dans Actéon, la pastorale de Marc-Antoine Charpentier.
C'était un secret de pacotille, mais le commentaire de monsieur Mambrino sur ma dernière note m'oute totalement : apparemment, tout le monde sait mon prénom (bien sûr, je le donne !) et mon nom... Secret de pacotille parce que monsieur LeHérisson avait levé il y a plusieurs mois un bout du voile, dieu et lui-même savent comment - monsieur Le Hérisson en avait parlé à monsieur Joss, qui lui-même en avait parlé à monsieur Andesmas qui m'en avait parlé.
Bref : je savais que j'avais été découvert. Mais là, par un inconnu qui, tombant sur ma chronique sur Bassani, se rend compte qu'il m'a entendu en concert, c'est tout de même surprenant. Comme quoi on n'est jamais très bien caché, même derrière son petit doigt.
Boh - rien de très grave, je ne dis ou ne fais rien ici qui soit prohibé ou qui puisse porter atteinte à quiconque dans ma profession, alors...

samedi 6 septembre 2008

Le Roman de Ferrare

Qui aime les livres et ne connaît pas Les Cahiers de Colette, rue Rambuteau à Paris, rate quelque chose : une des belles librairies de Paris, avec une cheftaine libraire (très) haute en couleurs, et surtout un lieu où les vendeurs connaissent les livres et savent donc ce qu'ils ont à vous vendre, prenant même le temps de le faire - une perle, quoi...
C'est donc Colette qui, un jour d'errance livresque, me voyant tiquer sur ce gros livre (que ce soit dit : j'adore les gros livres, même si je mets ensuite des semaines à les lire...), me demande si je connais. Devant ma réponse négative, elle me le colle quasiment dans les mains, me disant "vous allez adorer". Deux ans bientôt que ce gros Quarto Gallimard veillait sur l'étagère des "non lus" (et de ce fait non classés) de ma bibliothèque, m'invitant au phantasme.
Devant le planning de l'été, j'ai décidé que l'heure était venue de m'y plonger avec délices - et c'est Colette qui avait raison : ce gros livre est tout simplement fabuleux.
Ce gros livre, c'est Le Roman de Ferrare de Giorgio Bassani, une sorte de Recherche du Ferrare perdu... C'est une somme à plusieurs titres : déjà parce que ça fait plus de 700 pages en grand format écrit bien petit, et surtout parce que Bassani y a réuni toute sa production en prose (c'était un très grand poète), soit six textes de forme et de nature très différentes avec un personnage central : la ville de Ferrare. Pas celle du temps de la splendeur de la cour d'Este : celle du XXème siècle, avant et après la grande fracture du fascisme et de la persécution des juifs.
Six textes : deux recueils de nouvelles, trois romans courts et un roman plus long, le plus célèbre de son auteur : Le Jardin des Finzi-Contini. Si les formes changent, perdure une prose absolument magnifique, complexe et exigeante, mais terriblement enivrante - et passionnante. Certains textes sont, par leur brièveté, claquants comme des gifles (Derrière la porte, terrifiante nouvelle semble-t-il autobiographique...) ou d'autres, s'inspirant du Nouveau Roman français (Le Héron), nous laissent dériver dans le malaise.
On peut lire Le Roman de Ferrare en continu ou en fragments (encore que je ne sais pas si chaque texte est publié séparément) : les textes ne sont ni chronologiques ni consécutifs, pas même dans la fausse autobiographie, à la première personne, que constituent les second, troisième et quatrième volumes - un personnage est évoqué d'un roman à un autre, mais souvent en manière d'anecdote plus que de référence. La lecture au long cours de ce Roman (dans cette magnifique édition de semi-poche, Quarto Gallimard : la couverture est belle et solide, la typographie belle et on peut, du fait de la reliure souple et de l'épaisseur du volume, lire à livre ouvert, sans tenir les pages) offre cependant une plongée dans une écriture magnifique, des textes très forts et donne, tout simplement, envie de se rendre à Ferrare.

Giorgio Bassani, Le Roman de Ferrare, Quarto Gallimard ; 752 pages, 25€.

vendredi 5 septembre 2008

retrouvailles mauriaciennes

Je suis un grand lecteur et, partant, j'achète beaucoup de livres. Mais je déteste abîmer mes livres et, du coup, je déteste acheter des livres abîmés : c'est donc rarissime que j'achète des livres d'occasion.
C'est pourtant ce qui m'est arrivé il y a une dizaine de jours à Toulouse : sur un marché, un livre m'a tendu les mains et m'a dit "achète-moi". Je l'ai fait. C'était rien d'autre qu'un petit livre de poche, édition que je n'aime pas beaucoup d'habitude - mais son odeur de vieux livre et de bibliothèque s'accordait bien avec le nom de son auteur : François Mauriac, qui sent lui-même beaucoup la vieille bibliothèque...
Il faut dire que pendant mes études de Lettres, j'ai étudié deux années de suite Mauriac, avec un prof dont les cours étaient prêts depuis 10 ou 15 ans, et qui ne faisait même pas semblant de les adapter. Bernard Chochon s'appelait l'inénarrable, et sous sa conduite, Mauriac avait tout d'un vieux catho verbeux.
C'est donc fort surpris que j'ai acheté La Fin de la Nuit, de François Mauriac, dans une édition du Lirve de Poche datée de 1963. Un joli livre avec une tête de femme peinte sur la couverture, et dans la couverture duquel il est écrit "le Livre de Poche paraît toutes les semaines".
Il paraît que ce livre était une manière de suite à Thérèse Desqueyroux, autre roman mauriacien qu'il me semblait bien avoir lu - mais il y a tellement longtemps que je suis allé chez le bouquiniste le plus proche pour l'acheter et le relire (l'expérience prouvera que je l'avais déjà, survivance d'une autre époque où, visiblement, j'avais déjà bien aimé ce texte).
Eh bien voilà, que ce soit dit : Bernard Chochon, acceptez mes plus plates excuses : François Mauriac n'est pas le vieux con verbeux que vous nous avez présenté. Il est au contraire, dans Thérèse Desqueyroux, un magnifique compositeur d'intrigue (Thérèse, qui n'a pas été reconnue coupable de l'empoisonnement de son mari, prépare dans la voiture qui la ramène vers celui-ci son explication, et sa défense) et, dans La Fin de la Nuit, où l'on retrouve une Thérèse vieillie et mourante en prise avec les dernières affres de la passion amoureuse, un très fin observateur de l'âme humaine.
Ni ici ni là aucun Dieu salvateur, aucun vieux christianisme ranci (il me souvient d'un Mystère Frontenac particulièrement pénible à ce sujet...) - mais au contraire une prose d'une limpidité et d'une beauté vraiment remarquable. Je suis heureux d'avoir renoué avec François Mauriac, et j'ai hâte de me replonger dans d'autres de ses romans.
Tout ça grâce à un vieux Livre de Poche acheté sur un marché toulousain un matin d'enregistrement...

mardi 2 septembre 2008

le grand saut




C'était le 23 août, vers 16 heures : je finissais de faire ma voix avant de partir pour le raccord et le concert. Quand je suis à l'hôtel, je fais ça la télé allumée - sans le son, mais avec l'image.
Et, quel bonheur - voilà que je tombe en direct sur l'épreuve du plongeon masculin. S'avance un concurrent ; il plonge et il sort, pleurant de joie et embrassant tout le monde : ce petit mec venait de devenir champion olympique, à la surprise générale semble-t-il (oui : le sport pour moi c'est surtout esthétique...). 4 secondes plus tard tout était différent.
Matthew Mitcham il s'appelle le beau bébé, et je viens de découvrir qu'il est ouvertement gay. Bon. Je garde surtout de lui l'image d'un magnifique garçon tellement concentré avant son saut, de ses larmes ensuite - et de l'envie que beaucoup ont dû ressentir comme moi : de le prendre dans mes bras.

lundi 1 septembre 2008

un été de Lapin

alors voilà : il paraît que la saison estivale est terminée, que septembre est arrivé...
L'heure d'un petit bilan rigolo d'un été de Lapin Chantant -

du 1er juillet au 31 août j'ai :
- donné 12 concerts
- enregistré 2 disques
- eu 18 jours de répétitions pour tout ça
- voyagé 94 heures, en train ou en bus
- dormi dans 24 endroits différents et
- passé seulement 12 nuits à Paris
- pris 15 jours de vacances
- lu 11 livres
- regardé 54 épisodes de Scrubs en DVD (pendant les pauses, c'est super)

de quoi nourrir plusieurs billets à venir, - puisque je suis à Paris pour quelques jours, vu que je me suis fait virer d'une production : to be continued !