mercredi 31 octobre 2007

mon coiffeur est un truand

Histoire d’user un peu ma carte UGC Illimité, je suis allé voir ce soir Le deuxième Souffle, d’Alain Corneau, adapté du roman de José Giovanni. Celui-là même qui avait déjà été adapté dans les années 50, avec les stars des films de truands de l’époque.
Ce qui est bien dans les films de truands en noir et blanc, c’est que les truands ont toujours de supers costumes et des chapeaux, parlent un argot splendide et connaissent aussi bien leurs potes truands que les commissaires. Et ils meurent pratiquement tous avant la fin. Désuet mais magnifique.
Le film de Corneau est désuet lui aussi. Elégant (enfin, ils ont dû avoir un rabais sur le faux sang et sur les gadgets qui simulent les impacts de balles, parce qu’il y en a par treize à la douzaine !), drôle (parce que qui dit « ta frimousse » de nos jours ?! et qui s'entretue pour un trafic de cigarettes ?...) et divertissant. Michel Blanc est superbe (vraiment, je trouve cet acteur excellent depuis quelques années : le preuve qu’on peut avoir chanté « pays merveilleux » sur un téléphérique et être pris au sérieux quand même), Monica Bellucci est blonde, genre Jeanne Moreau il y a quarante ans, et le tout nous fait passer un agréable moment. Un peu longuet, mais agréable.
Mais quelle ne fut pas ma surprise de retrouver l’échoppe de mon coiffeur à côté du night-club des truands ?! je vous explique : il y a quelques mois, je vais chez mon coiffeur qui me montre les photos de sa boutique toute transformée, le temps d’un tournage – devanture retouchée, bien sûr, mais aussi enseigne nouvelle et tout le toutim. Il me raconte les moments épiques à coiffer dans le couloir et les gens gentils de l’équipe.
Ebé voilà : mon coiffeur, c’est le magasin de jouets qui est à côté du dancing, comme on devait dire alors, dans la rue Adolphe Focillon dans le 14ème (oui, c’est un de mes rares snobismes que de traverser Paris pour aller me faire couper les cheveux, peu nombreux, qui me restent : mais j’aime bien mon coiffeur, probablement l’un des moins chers et l’un des seuls hétéros ET coiffeurs de Paris). J'adooore cotoyer des stars !

dimanche 28 octobre 2007

pas Camille - Bénédicte !




C’est Jorris qui m’a présenté Bénédicte. Je me souviens très bien de la première fois où je l’ai vue, près du mur d’eau et des chevaux de bois des Halles – je me suis dit qu’elle ressemblait à ma cousine Véronique, avec le même côté volontaire et décidé que j’aime tant chez elle.
Rapidement, Bénédicte et moi nous sommes mis à travailler ensemble. Elle était au piano comme dans la vie : décidée, franche et entière. Que des qualités.
Nous avons beaucoup travaillé, durant une période qui n’était pas idéale dans la vie de Bénédicte. Nous nous sommes présentés à plusieurs auditions, que nous avons toutes ratées – et puis nous nous heurtions à nos limites personnelles et, un peu par décision de ma part, un peu par mon immense capacité à laisser dériver les choses en remettant toujours à demain le moment d’en parler, nous avons fini par arrêter nos répétitions.
On était bien sûr toujours amis, et je continuais par ailleurs ma marche dans la carrière : je rencontrais de nouvelles personnes, je voyageais beaucoup, je lisais beaucoup de nouvelles musiques, je donnais beaucoup de concerts. Pas de nouveau pianiste dans ma vie, mais pas non plus beaucoup de temps à consacrer à ce travail secret qu’est le récital. Parce que, bien sûr, le récital ne paye pas, ou tellement peu – mais en plus il demande une confiance, une osmose entre les deux partenaires qui doivent être à égalité, se partager la tache sans jamais que l’un ou l’autre veuille tirer à soi la couverture. Ca ne se trouve pas tous les jours, un partenaire de confiance.
Un jour de juillet 2006, Bénédicte m’invite à déjeuner, près de Bastille – et elle me dit sa tristesse de l’abandon de notre travail, le manque qu’elle en ressent, la douleur aussi de certaines de mes phrases malencontreuses… j’étais triste de l’avoir fait souffrir, parce qu’on n’aime pas savoir qu’on fait souffrir les gens qu’on aime, et surpris, parce que je n’imaginais pas que Bénédicte avait pris si fort à cœur notre travail, que nos séances dans la petite salle moquettée du conservatoire l’avaient marquée, et lui manquaient, autant.
Une occasion inattendue a fait que nous avons pu nous retrouver, avec deux autres chanteurs, pour préparer une pièce vraiment difficile pour un concert ; j’ai retrouvé en Bénédicte les mêmes qualités de musique et d’engagement – doublées d’une nouvelle et formidable confiance, d’une force, probablement déjà présente trois ans auparavant, que le bonheur de sa vie actuelle avaient révélées et décuplées : tant mes collègues, dans la préparation de cette œuvre, que les auditeurs de ce concert de juin, tous m’ont dit « cette fille est formidable ».
Avez-vous remarqué combien entendre de la bouche d’autres personnes ce qu’on pense en son for intérieur est comme un déclic, une sorte de confirmation et d’incitation ?! comme le hasard fait toujours bien les choses (puisque le hasard n’existe pas et que c’est plutôt une démultiplication de forces que nous avons en nous-mêmes qui crée ces moments fortuits), on m’a proposé à ce moment-là un récital avec piano : l’occasion était trop belle de cultiver le plaisir retrouvé et amplifié de travailler avec Bénédicte.
C’était hier soir, et nous avons passé des moments merveilleux ensemble, à préparer un programme d’une heure et demie de musique difficile et exigeante – et, évidemment, à le donner ! on porte un programme de récital en soi comme quelque chose de très intime et, après avoir travaillé des dizaines d’heures à le polir et l’apprendre convenablement, puis donné une fois, on se sent généralement vide, comme dépossédé de quelque chose qui nous importait tant, qui nous occupait tant depuis des semaines et qui s’est finalement passé si vite ! eh bien ce moment unique m’a non pas vidé mais au contraire empli : de la satisfaction d’un travail intense et précis, partagé avec une partenaire, à égalité et dans un échange profond et sincère.
Je sais ce matin que notre concert d’hier soir n’était pas une fin, mais bien au contraire une nouvelle étape, un porte qui s’ouvrait en nous. Notre aventure musicale va continuer – on a déjà des projets et des dates précis. Pour mon plus grand bonheur et mon plus grand accomplissement.

samedi 27 octobre 2007

tonton Claude

Quand j’étais petit, mon oncle Claude était ce qu’il est convenu d’appeler ma figure paternelle : c’était l’homme le plus masculin, imposant et plein d’autorité de mon entourage. Mon père n’était pas très présent, mes grands-pères diminués physiquement, jeunes déjà.
Oui : tonton Claude était une grande figure virile, celui qui réparait l’électricité à mains nues, immunisé contre le courant depuis qu’il avait été électrocuté pendant la guerre d’Algérie, celui qu’on craignait de réveiller quand il dormait tard les lendemains de bals (car tonton Claude était musicien, ce qui me faisait encore plus rêver ! et je ne parle même pas de ma fierté quand il me laissait l’accompagner au piano…), celui qu’on brûlait d’aider quand il construisait encore une nouvelle pièce dans le chalet, lieu mythique de nos vacances. Celui devant qui aucune protestation n’était possible. L’homme le plus viril de mon enfance.
Déjà, cet été lorsque je l’ai revu, pour la première fois depuis plusieurs années, il m’a fait visiter deux fois de fond en comble le chalet : ne se rappelait-il plus que j’y avais passé tous mes étés de môme ? ne se rappelait-il surtout plus que je l’avais déjà visité avec lui la veille ?
Tonton Claude a la maladie d’Alzheimer. Je l’ai appris officiellement cette semaine. Tonton Claude va encore oublier que je connais déjà le chalet, tonton Claude va oublier que je suis devenu musicien - puis tonton Claude va oublier que je suis son neveu et, pour moi qui viens de le retrouver après toutes ces années, c’est vraiment dur d’imaginer le géant de mon enfance s’effriter petit à petit.
Et pleurer n’y changera rien.

samedi 20 octobre 2007

Passagère du Silence

Tous ceux qui aiment les livres aiment que les gens qu'ils aiment leur offrent les livres qu'ils ont aimés - vous me suivez ?! parce qu'on aime tous savoir ce qui a ému ou intrigué ceux qui nous sont chers, parce que ça nous offre une occasion merveilleuse de nous rapprocher encore d'eux.
Alors, quand Ludovic, fasciné par la calligraphie, m'a offert Passagère du Silence, de Fabienne Verdier, j'ai été content de pouvoir un peu approcher le grand mystère qu'était la calligraphie chinoise pour moi (ben oui, écrire des lettres, en quoi ça pouvait être un art, me demandais-je).
Dans les années 80, cette jeune peintre est allée étudier la calligraphie en Chine Populaire et ce livre raconte, avant tout, son voyage et son installation - sur le mode épique.
Le plus beau chapitre est bien entendu L'Enseignement du Maître, et ceux qui le suivent immédiatement, tout le coeur du livre : où l'on voit cette jeune femme européenne apprendre lentement au contact d'un vieux maître cet art presqu'exclusivement resté chinois durant les millénaires. Où l'on voit surtout une école d'existence, une ascèse et une force de conviction dans son travail qui sont, pour moi au moins, une leçon passionnante.
Ce n'est pas simplement un récit de voyage que cette Passagère, mais bien une clef pour entrer dans un univers, dans un mode de pensée et de travail tellement éloigné du nôtre, tellement profond - j'ai vraiment tout pariculièrement aimé certaines de ces pages sur l'abnégation, le renoncement - l'exaspération !


Fabienne Verdier, Passagère du Silence, Le Livre de Poche ; 311 pages, 6,50€

ça aura toujours l'air chinoa

avec ma nouvelle carte MK2 (oui, UGC...), je vais désormais souvent au cinéma. C'est bien, de rentrer sans payer. J'adore, en tout cas.
C'est surtout bien parce que je vais ENFIN voir des films plus souvent que je n'en voyais sur mon 16/9 écran plat de riche (c'est moi qui le dis...) - je suis devenu tout d'un coup un parisien moderne, avec abonnement Vélib et carte MK2 (oui...) , un parisien moderne qui réussit donc à s'extirper de son fauteuil et de sa routine pour aller au cinéma.
Et même, c'est ça l'intérêt, pour voir des choses qu'il n'aurait pas vu s'il avait payé, le parisien moderne.
J'ai donc vu il y a une semaine Le dernier Voyage du juge Feng et Le Mariage de Tuya, deux films chinois que le hasard des sorties nous permet de voir en même temps.
Ce qui m'a tout particulièrement touché dans ces deux films, c'est qu'ils ne disent rien, se contentant de montrer, et surtout de laisser comprendre. C'est merveilleux, parce que ça donne l'impression d'être intelligent, et surtout : sensible.
Et parce que ces deux films, dans des genres très différents, nous donnent à voir l'humanité dans toute sa beauté, ces petites choses, ces petits gestes qui disent tellement plus, et plus fort, que les mots ce que les êtres sont profondément, la beauté qui nait d'une relation entre humains, entre simples humains.
C'est fabuleux de prendre une telle leçon d'humanité de deux films produits par un pays où... je ne vous fais pas de dessin.
Inutile de raconter Le juge Feng ou Tuya - prenez vraiment deux fois deux heures, Illimité ou pas, pour aller voir, et ressentir -

vendredi 19 octobre 2007

my first time...

Ebé voilà - je me lance.
Depuis que Biscoto n'écrit plus je suis triste, alors je me suis dit pourquoi ne pas écrire un peu, moi aussi.
Et puis depuis que j'ai cèdé au diable et acheté une carte MK2 (oui, UGC, je sais, mais c'est bien moins class...) je vois plein de films bien, j'ai envie de noter mes coups de coeur ailleurs que dans mon petit cahier Super Conquérant bleu.
C'est pour ça que je suis là ! et puis aussi pour parler des livres, des spectacles et, pourquoi pas, des gens que j'aime -
Bienvenue...