lundi 26 janvier 2009

trop-plein

On me demande souvent comme je fais pour gérer mon activité, surtout au niveau du planning. Je réponds que "je prends ce qui se présente et ensuite je fais comme je peux". Et j'ajoute que "ce qui est énervant, c'est quand on me propose deux concerts en même temps".
Car ça arrive, il y a même des jours qui semblent stratégiques, pour des raisons que je n'ai jamais pu éclaircir. L'été dernier, j'ai déjà participé à trois productions quasiment en même temps, et j'aurais pu en faire trois fois plus. Mais c'est normal, c'est l'été et les festivals et...
Mais, par exemple, tout le monde voudrait bien m'engager les 16 et 17 mai prochains. J'ai déjà deux productions différentes entre lesquelles je vais devoir jongler (jongler ça veut dire stresser, prendre des trains super tôt et s'excuser auprès des collègues de n'arriver que pour la dernière répétition...), mais j'ai déjà refusé deux autres productions. Il y a pourtant plein d'autres jours en mai - mais non, tout le monde veut faire des concerts ces deux jours-là.
Alors voilà, que ce soit dit : les 16 et 17 mai, je ne suis plus dispo. Par contre les autres jours...

jeudi 22 janvier 2009

tu sais où tu peux te la foutre, ta crise ?...

un bienfait étonnant de la crise économique ces derniers mois : l'augmentation de l'achat de préservatifs. Moi ça me plaît.

mercredi 21 janvier 2009

Catherine La Grande

C'est amusant l'émotion, parce que ça survient sans prévenir, comme ça d'un coup, et c'est fort.
Aujourd'hui j'ai fait une chose que je ne fais jamais : écouter plusieurs versions d'une même oeuvre, d'une de mes oeuvres de Schumann préférées, sa Fantaisie pour piano seul - pas très original, c'est son oeuvre la plus célèbre et la plus jouée. J'en avais pris trois enregistrements différents à la bibliothèque, auxquels s'ajoutent les trois que j'ai chez moi déjà (quand on aime on ne compte pas). C'est étrange une même oeuvre jouée par des artistes différents, c'est étrange comme elle devient autre sous les doigts de chacun. Ça me passionne.
Dans mes trois enregistrements écoutés aujourd'hui il y en avait un de Catherine Collard. Qui ne s'intéresse pas au piano ne la connaît pas. Qui a moins de 25 ans peut difficilement la connaître, puisqu'elle est décédée en octobre 1993. Pourquoi en ai-je un souvenir aussi précis ? Je venais tout juste d'entrer à la fac à Angers et je me réjouissais de voir que, quelques jours plus tard à peine, cette grande pianiste venait justement s'y produire (oui, je suis un pianiste raté qui adore conséquemment les pianistes, largement plus que les chanteurs...) - la veille de ce concert, j'entends son nom à la radio. Je comprends immédiatement, sans que je puisse l'expliquer, qu'elle vient de mourir. J'ai énormément pleuré. Je me souviens d'avoir joué à ma pauvre manière sur mon pauvre piano une minute de Schumann en sa mémoire, et d'avoir appelé ma mère à son boulot, en larmes. C'est étrange combien cette mort a pu me frapper...
Ce soir, dans ma journée de Fantaisies, j'ai donc joué un enregistrement de Catherine Collard, que je n'avais pas écouté depuis dix ans au moins. Et voilà qu'une forte émotion me saisit, qu'entre ces notes que j'ai déjà entendues par deux fois aujourd'hui se glisse une petite musique qui m'émeut, preuve que le jeu de cette pianiste me touchait et me touche encore, par surprise quinze ans après. Je me sens tout bête, si ému tout seul dans mon appartement. C'est comme si une bouffée de ma vie ancienne venait subitement de me frapper, par surprise. C'est bon de sentir que ces choses-là peuvent arriver, que je peux encore les éprouver.

mardi 20 janvier 2009

tous à la plage...

Je serais bien en peine de dire pourquoi j'ai une telle affection pour Agnès Varda, et depuis si longtemps - il y a dix ans à Angers, elle était venue présenter son Monsieur Cinéma et avait voulu signer un autographe "sur la main" de quelqu'un. J'avais tourné pendant un moment autour d'elle et jamais osé lui tendre la main. Pourtant, à part Monsieur Cinéma, je crois que je n'ai jamais rien vu d'Agnès Varda...
J'avais pourtant très envie d'aller voir son nouveau film, Les Plages d'Agnès : une sorte de rêverie autobiographique construite autour de l'évocation de plages, réelles ou imaginaires. Il y a chez Varda, quatre-vingts ans passés, une incroyable folie d'inspiration (ainsi voit-on la vieille Agnès au sein d'un tableau de son enfance, ou près d'une jeune Agnès de fiction, sans que jamais on perde le fil), une grande drôlerie (quand on la voit traverser Paris après Sète, sur une coque de noix), une immense poésie (avec des dizaines de miroirs posés sur une plage belge, une scène d'ouverture inoubliable) et surtout une capacité tellement remarquable à mêler rire tendre et émotion profonde. Car on rit beaucoup sur Les Plages, quand les bureaux de la production Varda sortent dans la rue Daguerre, dans le XIVème, transformé pour l'occasion en Daguerre-Plage sous le regard incrédule des riverains (alors ça, j'aurais aimé être là-bas ce jour-là !) ; on y pleure aussi, quand Agnès jette des fleurs devant les photos des acteurs disparus, ou quand elle évoque Jacques Demy mourant.
On sort de ces Plages rempli de bonheurs et d'émotions, on sourit encore le lendemain en repensant à madame Varda marchant à reculons tout au long du film - et on a envie de revoir, ou voir, d'autres films d'Agnès...

lundi 19 janvier 2009

dédicace

Vendredi dernier je suis allé, savoureux retournement de situation, écouter Olivier chanter - ben oui, il a envie de rechanter et s'est inscrit dans une chorale, et donnait un concert vendredi.
Les chanteurs s'installent, chantent quelques pièces puis, avant d'attaquer la dernière partie du concert, un homme s'avance et dit d'une voix forte : "nous voudrions dédier ce concert à tous ceux, quels et où qu'ils soient, qui oeuvrent pour la paix au Proche-Orient". Et de commencer à déclamer, yeux fermés et visiblement très concerné par son sujet, un texte d'un poète palestinien.
C'est con, mais ça m'a exaspéré. Non pas qu'on dédie un concert à la paix et ceux qui tentent de la faire, car comment se dire contre - mais qu'on m'enrôle de force dans une sorte de réunion pro-palestinienne. J'ai du mal à distinguer entre Hamas et Fatah qui est activiste et qui est simplement politique mais, comme la majorité des français je suis plutôt du côté de ceux sur qui tombent les bombes - cependant, qu'un mec nous récite, les yeux fermés et se prenant visiblement très au sérieux, largement autant que son sujet, un poème sur les bombes qui tombent et les gens qui meurent, ça me gêne. Parce que c'est un concert (un concert lambda, pas un concert de soutien), pas une réunion politique. Parce qu'on ne m'a pas prévenu que la pause allait se transformer en meeting. Parce qu'il est impossible, quand on est assis au milieu d'une petite église, de se soustraire à ce qu'on ne souhaite pas entendre à cet endroit et à ce moment-là. Parce qu'à moins de passer pour un gros connard, il est tout aussi impossible de dire quoi que ce soit - ne serait-ce que tout simplement : "c'est déplacé".

samedi 17 janvier 2009

Percival Everett, Blessés

Comme je l'ai déjà si souvent dit, je suis un amoureux de livres et de littérature. C'est pour ça qu'un des cadeaux les plus précieux qu'on puisse me faire c'est m'offrir "le dernier livre que j'ai adoré" : c'est fabuleux de découvrir ce qui a ému ou fasciné un ou une ami(e), et, partant, de nouveaéux univers. C'est en tout cas pour moi un cadeau vraiment précieux qu'on m'offre en me faisant partager une passion.
Mathilde m'a offert pour mon anniversaire trois livres de ses derniers "coups de coeur". Allez savoir pourquoi, mais l'un d'entre eux m'a tout de suite donné envie de l'ouvrir et de le lire : Blessés, de Percival Everett. Sont-ce les deux chevaux qui se cabrent sur la couverture ? certainement un peu. Est-ce le titre, ce simple adjectif ? certainement aussi. Allez savoir pourquoi un livre vous invite plus qu'un autre à le lire...
Je viens de terminer Blessés. C'est magnifique. De ces livres qui ne parlent pas beaucoup, qui laissent des zones d'ombre pour que le lecteur puisse s'y projeter, s'y investir peut-être aussi. Où les personnages ne sont pas des héros mais des gens qui composent du mieux possible avec leur existence. Blessés raconte une petite histoire, autour de John Hunt, noir quadragénaire qui élève des chevaux à l'écart des hommes et que les hommes vont rattraper. Une dizaine de personnages à peine composent ce grand petit récit, où on nous donne beaucoup à penser.
Blessés fait penser à un certain, et beau, cinéma américain. Ça pourrait être Fargo, ou surtout No Country for old Men, tous les deux des frères Coen : de ces films où on parle peu, et dans lesquels un drame atroce se noue petit à petit, comme dans une tragédie grecque, pour éclore dans les derniers instants, inéluctable. Quand le générique tombe, quand la dernière page se tourne, c'est brutalement. Le spectateur/lecteur est au milieu du chemin : à lui de comprendre ce que tout cela signifie. C'est de la littérature, ou du cinéma, qui rend intelligent et, surtout, sensible.

Percival Everett, Blessés ; Actes Sud collection Babel ; 271 pages, 7,50 euro.

vendredi 16 janvier 2009

réimpression

La nouvelle est suffisamment rare pour être fêtée : un enregistrement auquel j'ai participé est en rupture de stock moins de deux mois après sa publication - ça ne m'était bien entendu jamais arrivé, et je crois que c'est, dans le disque classique, un fait très peu fréquent.
Je suis heureux non pas pour ma gueule, parce que ça n'aurait aucun sens, mais parce que tout le travail et les concerts qui ont précédé cet enregistrement ont été de grands beaux moments de musique partagée, parce que l'enregistrement a été intelligemment fait, après quatre concerts qui nous avaient permis, à nous interprètes, de bien expérimenter et approfondir cette oeuvre, de vivre avec elle.
Le résultat est là : le disque est beau, plein de lumière et d'intériorité, de belles couleurs dont nous sommes tous fiers ; la critique est excellente - l'éditeur retire de nouveaux exemplaires. C'est une belle nouvelle, dans la grisaille de ces premiers jours de l'an.

dimanche 11 janvier 2009

faux-amis



J'ai fait cette photo il y a une semaine au parc du Campo Grande, à Valladolid.
Ca me fait toujours rire bêtement les faux-amis : là, ça veut tout simplement dire "interdit de marcher"... Par contre, il n'était, compte tenu du nombre d'emballages de capotes qu'il y avait dans ce parc, visiblement pas interdit de follar - mot dont le faux-ami serait besar...

mercredi 7 janvier 2009

Quand j'étais petit, j'amenais des bonbons pour mon anniversaire, comme tout le monde. Mais je me souviens d'au moins un anniversaire, celui de mes 5 ans j'imagine puisque j'étais chez madame Teillet, où tout était givré et où nous devions être une dizaine à peine. Je me revois, probablement un peu triste, face à la cour "des petits" vide, gelée.
Je me souviens aussi du jour où j'ai eu 10 ans, en 1986 : à ce moment-là aussi il faisait froid, et c'est exactement le moment que le chauffage du collège où j'étais interne a choisi pour tomber en panne. Il sortait des petites paillettes scintillantes des robinets le matin, on dormait avec nos manteaux sur les lits - mais on a eu cours, les trois jours que la panne a duré.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu un anniversaire givré - mais Paris pris dans la glace, c'est joli et féerique. Je retrouve mon âme d'enfant, un petit peu, devant ce blanc et le bruit des pas dans la neige fraîche.

mardi 6 janvier 2009

impair et passe

Voilà, ça y est : c'est l'an Neuf.
Ca tombe bien parce que j'aime pas trop les années paires. Allez savoir pourquoi - mais elles sont toujours, enfin depuis quelques années, pas terribles pour moi : 2004 et 2006 ont été des années totalement pourries, alors que 2007 a vraiment été une super année, par exemple.
Et 2008 alors ? Ca a bien commencé, moins bien continué, puis c'est carrément allé de mal en pis niveau santé. Heureusement qu'Olivier était là à ce moment-là, parce que je crois que j'aurais totalement pêté les câbles.
Puis les beaux jours sont arrivés, la réconciliation tant attendue et si douce à vivre, l'été laborieux et si heureux, si plein de belle musique et de beaux moments de partage autour de notre si noble art, récompensés par un joli disque. On croyait que tout était bien, que l'art partagé suffisait - et patatras, voilà que la maladie et la méchanceté me rattrapent, tellement violemment que j'en suis tout secoué.
Alors ? je sais que 2009 ne sera pas rose, parce que l'expérience a prouvé que les jours qui pourraient être symboles de paix ne le sont pas pour tout le monde et qu'il n'y a conséquemment pas de raison pour que les saletés de 2008 se soient arrêtées à la limite imaginaire d'un an Neuf. Je sais aussi que ce qui ne te tue pas te rend plus fort, et que de ce fatras dans lequel j'ai été plongé je ressortirai grandi, non pas aux yeux des autres mais simplement (et c'est là le plus important !) aux miens, dans mon processus d'individuation, comme disent les psys. En plus demain j'aurai 33 ans - l'âge de la résurrection m'a dit Mathilde : tout un beau programme alors !
Alors, sans être candide mais très sincèrement néanmoins, je nous souhaite à tous une belle année 2009. Puissions-nous réaliser combien notre mode de présence au monde est primordial, vital, et apprécier tout simplement ça : être vivants.