vendredi 30 novembre 2007

Chaos -


Ce n'est pas si souvent que des films "grand public" me remplissent jusqu'à ras-bord de joie, d'émotion, de sensations et de sentiments profonds.
C'est le cas de Chaos, de Coline Serreau, que je viens de revoir ce soir en vidéo.

Je me souviens que, quand je l'avais vu au cinéma, avec mon père, j'avais pleuré longtemps, pendant le générique de fin. Je me souviens que j'avais fait pareil pendant celui de La Crise, de Coline Serreau également - mais avec ma mère cette fois-là...
C'est toujours très délicat de revoir un film qui nous a autant marqué, plusieurs années après : le souvenir de l'émotion est toujours vif, en même temps la retrouver n'est pas nécessairement chose simple parce que c'est comme si on regardait derrière les pendrillons au théâtre : on voit les ficelles, les mécanismes, et ce qui nous touchait nous touchera peut-être moins.
Alors ce soir, j'ai bien un peu vu les ficelles, j'ai bien trouvé des longueurs, des moments par trop militants, appuyés, soulignés - mais pour finir, ce film est profondément émouvant, certainement parce qu'il est sincère.

Ce que j'aime tant dans ces deux films de Coline Serreau, c'est justement leur sincérité, leur humanité - ce qu'ils disent sur l'homme, sur les rapports humains, sans en avoir l'air. Dans La Crise, c'était Maria Pacôme qui changeait de vie et disait à son fils déboussolé (Vincent Lindon, le seul acteur commun aux deux films) que sa vie la regardait, que quand lui rencontrait une femme c'était de l'amour et quand elle rencontrait un homme de la baise ; dans Chaos, c'est dans les yeux de Line Renaud (décidément une comédienne hors pair, vraiment, que j'admire à chaque apparition), longuement fixés et scrutés par la caméra, qu'on lit le vide laissé par un fils absent (Lindon, donc), les tristesses de la solitude, les questions sur la vie - c'est d'ailleurs les yeux de Line qui sont la dernière image du film, et qui me laissent dans la poitrine un creux que les ficelles dont je parlais n'ont pas réussi à empêcher.

mardi 27 novembre 2007

euh ?

Rue Condorcet, Paris 9ème

dimanche 18 novembre 2007

polars doux

Quand j'étais à la Fac de Lettres, j'avais dans l'idée que la littérature contemporaine ne valait même pas la peine qu'on s'y intéresse. Idée qui a perduré longtemps après la fin de mes études.
Puis j'ai eu dans l'idée que la littérature française contemporaine ne valait pas la peine qu'on s'y intéresse. Idée qui perdure un peu. "Mais quand même", me suis-je dit : et j'ai, il y a quelques semaines tout juste, foncé vers ma librairie pour acheter quelques romans d'auteurs français vivants, pour voir un peu et me faire un idée en-dehors de mon a priori...
Comme le hasard, qui n'existe pas, fait toujours bien les choses, j'ai acheté trois romans qui se ressemblent par leur thématique : ce sont tous les trois des sortes de polars - disons des romans où les personnages enquêtent. Mais l'objet de cette enquête n'est pas au centre de l'action et c'est bien plutôt l'enquêteur qui est au centre de l'action et, du coup, de sa propre enquête.
Prenons donc Rue des Boutiques Obscures, de Patrick Modiano : le narrateur décide, après des années d'amnésie, de retrouver qui il fut, et qui ont été les gens qui ont fait son ancienne vie. J'aime le swing lent et enivrant des textes de Modiano, cette présence constante d'un Paris suranné et disparu, ces gens qui courent après un passé hypothétique - finalement, qui est le narrateur importe peu : c'est les pistes suivies qui sont passionnantes.
Prenons ensuite La cliente, de Pierre Assouline : un biographe, dans le cadre de ses travaux de recherche, tombe sur une lettre anonyme dénonçant, en pleine Occupation, des membres de sa famille, morts en déportation. Le narrateur retrouve l'auteur de cette lettre, cette fameuse cliente, et cherche à savoir pourquoi elle dénonça. Là, c'est les détours, qui nous montrent diverses faces de la même action, qui sont passionnants, et qui font finalement froid dans le dos, pour tellement de raisons, successivement. Ce texte est remarquable, en ce qu'il multiplie les points de vue sur cette dénonciation et, partant, les impressions qu'on éprouve successivement, nous lecteurs, à l'égard de cette cliente. On lit le roman les yeux écarquillés, horrifié.
Prenons enfin Les Âmes grises, de Philippe Claudel. Vingt ans après, un narrateur nous dit la vérité sur un meurtre d'enfant, commis en pleine Grande Guerre à quelques centaines de mètres de la ligne de front. J'aime beaucoup Claudel parce que chaque phrase qu'il écrit est pour moi comme une caresse sur une joue, délicate et prenante. Dans ce roman se tressent deux temps, celui de l'histoire et celui de la raconter, et plusieurs niveaux de récits, sur l'enquête concernant le meurtre bien sûr, mais aussi sur l'histoire de tous ces gens et, en premier lieu, celle du narrateur - qui se dévoile ainsi petit-à-petit. Pour moi, c'est un livre magnifique parce que simplement compliqué, si cet oxymore m'est permis - mais je ne vois pas comment dire autrement ma fascination pour ce récit complexe et profond.

Patrick Modiano, Rue des Boutiques Obscures (Prix Goncourt 1978), éditions Folio ; 251 pages, 4,85€
Pierre Assouline, La cliente, éditions Folio ; 190 pages, 4,85€
Philippe Claudel, Les Âmes grises, Le Livre de Poche ; 280 pages, 6,50€

vendredi 16 novembre 2007

par la fenêtre du train

Il y a quelques jours, j'ai pris le train entre Bordeaux et Nantes. C'est un Corail, qui avance tout doucement et traverse la Charente, la Charente-Maritime et la Vendée. Long voyage !
Il était dix heures du matin quand je suis parti, et il faisait très beau : le soleil, aux rayons obliques à cette heure de la matinée, éclairait d'une lumière dure toute la gamme de jaune et de marron des feuilles des arbres dont certains, magnifiques princes, avaient encore toute leur ramure, d'un beau ocre foncé. Et puis il y avait cette plante, dont j'ignore le nom, qui vire au rouge sang avant de perdre ses feuilles : c'était des tâches de feu dans cette végétation marron. Et les troncs défeuillés des grands bouleaux luisant d'une couleur d'ivoire sous le soleil oblique. Et les boules de gui dans les arbres décharnés, comme de gigantesques pom-pom girls, toutes droites sorties d'un film de Tim Burton...
C'était un très beau voyage.

vendredi 9 novembre 2007

le professeur Moutarde, avec le chandelier dans la bibliothèque

Comme je fais partie de ces feignasses qui peuvent aller au cinéma le matin, et comme, si certains ne le savaient pas encore, j'ai une carte MK2-UGC - je suis allé ce matin voir L'Heure Zéro, de Pascal Thomas, adapté du roman d'Agatha Christie. C'est sa deuxième adaptation très modernisée de l'anglaise mystérieuse : pour Mon petit doigt m'a dit, j'ai ri tout au long de la séance.
Eh bien les quelques autres feignasses de 11h15 à l'UGC de Bordeaux vous diront que j'ai tout pareillement bien ri pour L'Heure Zéro. Le propos : une vieille femme est assassinée et on recherche le coupable.
Mais l'essentiel n'est pas là : c'est le cabotinage de tous ces messieurs dames qui est excellent, et tellement drôle - Danièle Darrieux en vieille fumeuse d'opium, Laura Smet en épouse vulgaire, François Morel en commissaire en vacances (et en bob !). Et Melvil Poupaud en époux, tellement beau et sexy (note à moi-même : écrire un jour une note sur combien les trentenaires (Romain Duris, Melvil Poupaud, etcetc.) sont tellement plus beaux et désirables que quand ils en avaient vingt...). Et surtout Clara Mastroianni, merveilleuse.
Alors voilà : j'ai ri beaucoup, et puis l'intrigue est, comme toute la presse l'a écrit, un gigantesque Cluedo dont la solution importe peu (puisque, comme toujours, on brouille les pistes et, surtout, il y a des choses qu'on ne peut pas savoir et qui nous aident à trouver le vrai coupable, au dernier moment of course !) - juste pour le bon moment, donc !

mardi 6 novembre 2007

les bébés




Par ordre d’apparition : à gauche, Albane, quelques heures en ce 25 septembre ; à droite, Germain, bien surveillé par sa grande soeur Irène, quelques heures en ce 4 novembre.
Albane est ma nièce, ma première nièce, la fille de mon frère. Ca faisait plusieurs années que j’attendais que mon frère et sa copine, pacsés et vivant même dans leur maison désormais, fassent un bébé – quand ils m’ont annoncé que c’était parti, en mars, j’ai pleuré de joie dans mon salon…
Et j’ai tout de suite appelé Sophie, une de mes amies les plus proches, qui m’a dit « ben ça tombe bien, je voulais t’appeler : moi aussi j’attends un bébé » - c’est donc Germain, dont je suis le bienheureux parrain depuis samedi.
Ces deux enfants sont spécialement chers pour moi parce qu’ils sont nés de gens que j’aime tout particulièrement, et qui m’ont laissé approcher d'assez près leur venue, manière pour eux de me laisser imaginer les joies de l’arrivée d’un enfant : j’ai pu voir assez souvent les futures mamans, voir leurs ventres s’arrondir (dans le cas de Sophie c’était même impressionnant !) – et mon frère m’a même proposé de l’accompagner à la mairie, déclarer légalement la naissance de sa petite fille. C’était extrêmement touchant.
Je suis donc parrain, pour la seconde fois, et tonton : deux titres qui me plaisent bien.