mardi 15 janvier 2008

abondance de biens -

...ne nuit pas, c'est bien connu. Alors je vais vous parler dans un seul post de deux films très beaux que j'ai vu hier et aujourd'hui.

Quelle ne fut pas ma surprise en m'entendant dire hier, un lundi !, que la séance de 20h30 d'un film de 2h30 était quasi-complète !... et de fait elle l'était totalement lorsque le film a commencé.
Ce qui déplace de si surprenantes foules ? Into the Wild, le nouveau film de Sean Penn.
Il narre l'histoire vraie d'un jeune homme qui partit pour un périple à travers les Etats-Unis pour relier l'Alaska, alors que ses parents le croyaient tranquillement à la fac. Raconté comme ça, c'est absurde, tout juste un de road-movies souvent détestables de plus.
Mais là, en fait de road elle est souvent faire à pied, et souvent interrompue par des stations auprès de personnalités peu banales : un fermier trafiquant, un couple de vieux hippies et un vieil homme veuf et retraité de l'armée. Tous des gens qui vont d'une certaine manière servir de famille à Alex Supertramp (Super Voyageur), ainsi qu'il se fait désormais appeler.
Là encore, tout serait trop simple s'il ne s'agissait que de ça, un mec qui traverse les Etats-Unis et rencontre des gens - trois niveaux de récits sont tressés dans ce long film : la vie d'Alex enfin en Alaska, tout le périple qui l'a conduit là, rencontres y compris, et un récit qu'on comprend a posteriori de la soeur d'Alex, racontant l'absence et, peu à peu, les raisons qui ont poussé Alex à quitter le monde ainsi, sans se retourner.
(au passage, notons le jeune Emile Hirsch, qui interprète Alex : l'air de rien, ce garçon est très beau, d'une beauté discrète qui me touche tout particulièrement : avec une barbe qu'on imagine toute douce, des bras juste musclés, un torse joliment velu et des yeux à tomber - ledit Emile est déjà dûment repéré par les sites pour ados, d'après ce que j'ai pu voir...)
Le film est passionnant de bout en bout (et les deux bouts, dans 2h30 de film, sont bien éloignés parfois...) parce qu'il mêle tous ces niveaux de récits, ces différentes figures d'Alex, de manière virtuose : le grain de l'image, la manière de Sean Penn de filmer les gros plans et ces faux Super8 familiaux, tout est vraiment maîtrisé, et au service de l'histoire (vraie, rappellons-le). Mais le plus passionnant est que cette hymne à la liberté se referme progressivement sur le personnage, qui se rend compte que le bonheur n'est pas vivable absolument seul - toutes les questions restent cruellement ouvertes à la fin, et le film est d'une dignité poignante là où il pourrait faire chialer tellement facilement.

Ce soir, je suis allé voir un tout petit film (par son retentissement, entendons-nous !) argentin, XXY. Comment raconter l'histoire sans, là encore, la rendre niaise ? deux ados découvrent l'amour mais la jeune fille est hermaphrodite et comment faire quand on est et fille et garçon à 15 ans ?
Là encore, et tout de suite : des comédiens extraordinaires, la jeune Alex (!...) en tout premier lieu, une jeune comédienne fabuleuse, Ines Efron. Elle est fantastique de pudeur (en terrain terriblement délicat...), elle sait parler par les yeux d'une manière fabuleuse - mais on peut mettre dans le bateau des compliments tous les comédiens : il se passe plus dans ce film "entre les lignes" que dans les dialogues.
Ce qui m'a tout particulièrement dans XXY c'est qu'il ne donne pas la clef, de rien : qui sont ces gens qui débarquent, ce couple d'amis dont on sent petit à petit qu'ils ont des relations entachées (par quoi ? on ne saura pas), quel choix Alex fera-til/elle finalement - toutes les questions que pose ce film restent ouvertes à la fin. A chacun d'emporter les personnages avec lui et d'y penser, encore et encore. Ça marche très bien : j'aime sortir du cinéma avec un regard vague, encore tourné en dedans. C'est du cinéma qui rend intelligent.
Ce film, réalisé par Lucia Puenzo (c'est peut-être ça, cette manière tellement subtile de mener sa barque : c'est une fille qui tient les commandes), a été couvert de Prix internationaux, représentera l'Argentine aux Oscars et a été rendu possible grâce à l'atelier du Festival de Cannes : une bien réjouissante nouvelle.

3 commentaires:

tiusha a dit…

moi aussi j'ai vraiment bien aimé XXY, un film fin et subtil sur un sujet si délicat on devrait en parler plus!

j'en avais fait un article sur mon blog, si tu veux aller voir.

Anonyme a dit…

mon amoureux a adoré.

Anonyme a dit…

euhhhh il a adoré XXY.