mardi 12 février 2008

fais chauffer ta carte UGC...

comme je l'ai écrit là, abondance ne nuit pas - alors continuons !

Tout d'abord, abondance d'hémoglobine ne nuit pas non plus - à Sweenie Todd, le film de Tim Burton, qui en déborde ou, pour être plus juste, en dégouline !
Ce film raconte l'histoire d'un barbier, condamné par un juge libidineux, qui revient après 15 ans de déportation pour se venger. Le scénario est adapté d'une comédie musicale à succès sur Broadway au sujet tellement idéal pour l'imaginaire de Burton, qui a pu faire un teint blême à Johnny Depp et à Helena Bonham Carter, magnifiques tous les deux, et griser tous les décors. La particularité du film est que c'est les acteurs eux-mêmes qui chantent les chansons (il n'y a pratiquement pas de dialogues parlés) - et vraiment, j'ai été épaté par les prestations des comédiens, ainsi que par la musique elle-même. La preuve que la comédie musicale n'est pas, comme je le croyais, un sous-genre musical. Encore une idée reçue qui tombe...
Evidemment il faut aimer l'outrance de Burton (mais comment ne pas admirer le formidable travail sur la photo ?!), les litres de sauce tomate versés sous le rasoir du barbier (le faux sang est tellement faux qu'on sent bien que Burton s'en est amusé !) - si on supporte on passe un vraiment bon moment, fasciné par cette belle mécanique !

Autre belle mécanique : Cortex, de Nicolas Boukhrief.
Avant, il y avait eu Memento, de Christopher Nolan : un homme amnésique menait une enquête en se tatouant les renseignement sur la peau pour ne pas les oublier.
Sans réussir le tour de force magistral de Memento, Cortex est un film très fort. Il se déroule dans une clinique pour malades atteints par Alzheimer - rien que l'ambiance de la clinique est glaçante, les malades qui hurlent, les infirmières qui se déchirent, les portes qui claquent... On est rapidement plongés dans un contexte qui n'inspire pas confiance.
Dans cette clinique, des morts se succèdent, suspectes. Charles Boyer, un ancien inspecteur malade (formidable, merveilleux Dussolier, qui porte tout le film sur ses épaules et ses yeux, et qui trouve là un rôle extraordinaire et rappelle à tous quel acteur incomparable il est), tente de mener l'enquête, en luttant contre la désagrégation de sa mémoire.
Le suspense est vraiment conduit de magistrale manière, les cadrages participant d'une manière fascinante à l'inquiétude...


Pour continuer, un film qui n'est probablement plus à l'affiche... Un baiser s'il vous plaît, d'Emmanuel Mouret. Emmanuel Mouret est un jeune homme qui a l'air un peu décalé, genre Jean-Pierre Léaud en son temps - je le connais depuis dix ans, lorsqu'il était venu présenter un de ses courts-métrages à Angers, tout mignon, qui s'appelait Promène-toi donc tout nu !
Ce film est formidable parce que, l'air de pas y toucher, il pose la question essentielle de la fidélité dans un couple, de ce qui est possible et de ce qui ne l'est pas et surtout des conséquences d'un petit accroc, d'un baiser. Il y a Emmanuel Mouret, tout mignon toujours. Il y a Virginie Ledoyen, qui lui a donné un baiser et qui s'est laissée prendre à ce piège. Il y a Julie Gayet toujours aussi belle - et dont le regard, à la dernière image du film, se grave profondément dans le coeur du spectateur. Il y a aussi Schubert, dont la musique nimbe le film d'une couleur pré-romantique vraiment profondément touchante.
Oui, voilà : Un baiser s'il vous plaît est un film profondément touchant, sous des airs de pas y toucher. Profondément touchant et extrêmement intelligent.

Autre film profondément intelligent : Juno, de Jason Reitman. Comme ça, ça a l'air d'un teen-movie, genre American Pie et autre films géniaux... mais non en fait : Juno est un bijou d'intelligence et d'humanité.
Juno, 16 ans, est enceinte. Elle décide de garder le bébé et de le proposer à l'adoption.
C'est tout ! tout le film se résume en une ligne - mais l'intérêt est de voir comment cette jeune fille vit sa maternité, et comment la famille adoptive vit pour sa part l'idée de l'arrivée d'un enfant - et tout ce qu'un si petit être peut changer dans leurs vies.
Ce film est vraiment très réussi parce qu'il dit, sur un ton relativement léger, des choses extrêmement importantes et évoque du coup des questions passionnantes. Léger, mais dans le bon sens du terme.

Moins léger pour finir, Live, de Bill Guttentag. Une productrice de jeux télévisés cherche la bonne idée pour griller tout le monde en audience. Son idée géniale : mettre à l'écran la roulette russe, et promettre aux cinq candidats survivants 5 millions de dollars.
Le film, très bien construit (sous la forme d'un pseudo-documentaire), nous montre la mécanique du montage de cette émission (financement, publicité, autorisations de diffusion, casting...) et, petit à petit, les six candidats. Et puis, bien entendu, on assiste à l'émission, en temps quasi réel. Et je vous promets que ça marche, qu'on frémit à chaque coup de feu... jusqu'au coup fatal.
Depuis quelques jours une question me poursuit : quel candidat fallait-il tuer ? je vous laisse voir le film et décider si ce choix est moralisateur ou non.
Intéressant, et très plein de questions.

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