mardi 11 décembre 2007

film noir

J'ai vu la semaine dernière Avant que je n'oublie, de Jacques Nolot - toujours dans la série une séance par semaine au MK2 Beaubourg, peut-être le cinéma où je vais le plus...
C'est le troisième film "autoportrait" de Jacques Nolot, après L'Arrière-Pays et La Chatte à deux têtes. C'est probablement de loin le plus dur : dans La Chatte, l'histoire plutôt glauque d'un cinéma porno, il y avait bien quelques moments drôles - mais dans Avant que je n'oublie, le noir est mis : c'est le portrait d'un pédé séxagénaire, ancien gigolo, séropositif, et de sa désespérance. Même dans une photo sublime (les contrastes de couleurs, les ombres sculptées !), c'est un portrait vraiment terrible de la solitude et de la deshérance que nous dresse Nolot - qui joue ici Pierre, le personnage principal, qui va chez son psy, se paie des gigolos et compare avec ses amis le prix que ceux-ci lui prennent...
Quand j'étais étudiant en Lettres, on m'a toujours appris que le narrateur n'était pas l'auteur, même quand il parlait à la première personne (même dans le cas si particulier de Proust, par exemple). Mais là, difficile de ne pas assimiler : tout au long du film on voit Pierre aux prises avec la difficulté d'écrire - puis on voit, vers la fin du film, un gros plan sur une des pages écrites : une scène du film qu'on est en train de voir... compliqué et intéressant : Pierre est-il Nolot, est-ce vraiment une autobiographie ou, comme dit Modiano, seulement des éléments d'autobiographie dilués dans la fiction ? de là peut-être un certain malaise et, oserai-je le dire, l'impression d'une certaine complaisance ? renforcée par cette fin, par trop grandiloquente, où l'on voit Pierre-Jacques entrant travesti dans une boîte avec l'un de ses gigolos.
Au total, ce film glaçant sur le début de la vieillesse, la solitude et l'angoisse est une expérience étrange dont, là non plus, on ne sort pas avec le sourire. Et moi j'aime bien.

(mais point trop n'en faut quand même - pour rassurer certain ami organiste à la Cathédrale qui s'inquiète de ce que je vois trop de films tristes, je suis allé le soir même voir Les Femmes de ses Rêves, le film de frères Farelly avec Ben Stiller - celui-là même qui se branlait avant son rendez-vous galant dans Mary à tout prix, des mêmes réalisateurs, avec la suite que l'on sait, cette fameuse coiffure tant décrite....
J'y fus avec l'attention annoncée de voir une daube. Attente pas déçue ! Mais j'aime bien Ben Stiller, alors... D'habitude, je vois ses films dans les avions (quand on va au Japon, toute personne sensée ne saurait pas lire plus de quatre ou cinq heures et, même avec les repas et le dodo, il reste encore du temps pour un film avec Ben Stiller, sisi) - eh bien ça fera passer le temps à ceux qui projettent de partir en Thaïlande en avril. C'est rigolo et c'est tout ce qu'on lui demande : c'est quand même pas mal, de rire en même temps que 2 ou 300 autres personnes. Ca m'a changé de d'habitude au ciné, où 10 personnes pleurent ensemble...
Et puis je n'ai pas perdu ma soirée : j'ai appris, ô chose utile !, comment on disait "couille molle" en anglais : pussy dick - expression dont l'image me réjouit encore...)

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