mardi 17 mars 2009

boy A.

Finalement, tout se tient : quand on se documente sur la cruauté, on en vient vite à la question de la culpabilité, puis de là à celle du repentir et, de fait, à la reconstruction de soi.
Je suis allé dimanche après-midi voir Boy A., le film de John Crowley sorti il y a une semaine environ. On y montre Jack, un jeune homme en réinsertion dont on comprend rapidement qu'il a été un enfant meutrier. Boy A. pose la question de la reconstruction : comment peut-on en effet vivre avec le poids d'une mort sur la conscience, et comment peut-on, adulte, devenir quelqu'un d'autre que l'enfant qu'on a été ? Jack est sorti de prison et se réinsère dans une entreprise. Il tombe amoureux et tout semble aller bien pour lui jusqu'au jour où on retrouve sa trace, jusque-là anonymée.
Boy A. est un film extraordinaire, sous-tendu par des lignes de force très profondes. Sa construction est remarquablement maîtrisée, et sa forme est porteuse de sens : cette image un peu sale, ces gros plan avec une profondeur de champ très petite, qui donne beaucoup de place au flou à l'écran. Et puis le contrepoint entre Jack-son éducateur et l'éducateur-son propre fils s'installe peu à peu jusqu'au dénouement, brillante mécanique.
Et surtout il y a Andrew Garfield, formidable comédien qui joue Jack. Regard erratique, larmes toujours prêtes à couler derrière le sourire, ce jeune comédien compose un personnage dans lequel la fêlure est perceptible à chaque instant. Il est fabuleux - et très bien entouré, par ailleurs.
Mais qu'on ne s'attende pas à ressortir de Boy A. avec le sourire, ou même l'espoir : tout est du noir le plus noir, la fin une claque abrupte, et l'on voit qu'on n'échappe que difficilement, et rarement, à son destin. Boy A. est un film finalement très noir, fin observateur de la sombre nature humaine.

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