lundi 26 mai 2008


On ne le croit pas toujours, mais - si si, c'est le cas !
(Opéra de Nantes)

Je suis rentré hier soir d'une semaine de tournée vadrouillante, et je repars pour deux autres semaines de tournée - je vais passer par Marseille, où j'espère que Martin se remet, et surtout par Lyon, où je vais rencontrer pour de vrai monsieur Andesmas, avant de filer voir la salle de bains que Colette a fait faire exprès pour moi - et de chanter un programme que j'ai fait exprès pour elle !
Oui : la scène est un lieu de travail - mais qui permet de jolies rencontres...

vendredi 23 mai 2008

la musique partagée

article modifié le 1er décembre 2008










face à ça, que faire d'autre ?




?

mardi 20 mai 2008

papounet

article modifié le 1er décembre 2008

"On voit qu'ici le mort est objet, et non plus sujet. Au lieu de partenaire avec qui l'on traite, c'est un instrument dont on joue pour une spéculation où le mensonge et la supercherie ont leur place. Certaines sociétés observent vis-à-vis de leurs morts une attitude de ce type. Elles leur refusent le repos, elles les mobilisent : littéralement parfois, comme c'est le cas du cannibalisme [...]; symboliquement aussi, dans les sociétés engagées dans des rivalités de prestige et où les participants doivent, si j'ose dire, appeler constamment les morts à la rescousse, cherchant à justifier leurs prérogatives au moyen d'évocation des ancêtres [...]."

Claude Levi-Strauss, Tristes Tropiques, page 269 (collection Terre Humaine Poche, édition Pocket)

dimanche 18 mai 2008

nonante-neuf


Ma grand-mère, pour laquelle on s'est beaucoup inquiétés il y a trois mois, fête ses 99 ans aujourd'hui !
J'ai attendu des années qu'elle devienne arrière-arrière grand-mère (ce qu'elle est devenue il y a trois ans, et à cinq ou six reprises désormais !) - j'espère depuis des années qu'elle vivra centenaire. Parce que ça me rendrait heureux, tout simplement.
(si mamie, qui ne sait probablement pas ce qu'est internet, savait que sa photo est sur internet - je crois qu'elle serait contente !)

samedi 17 mai 2008

luxueuse maladie


Les pharmaciens ont fait imprimer cette pub, placardée grand format dans les officines et les journaux il y a un mois environ, pour répondre à une proposition de Michel-Edouard Leclerc de vendre des médicaments dans ses grandes surfaces pour que se soigner ne soit "pas un luxe". D'où lever de boucliers et tout le reste...
Moi qui ai beaucoup cotisé côté maladie ces derniers temps (pour ceux qui débarquent : gale et trachéite, toujours pas totalement partie d'ailleurs...), j'ai constaté que se soigner est déjà un luxe : le traitement antiparasitaire est par exemple entièrement à la charge du patient (et hop, plus de 75 euro parce qu'il a fallu recommencer deux fois...) - et dieu sait que quand on a la gale, se soigner n'est pas du confort. Parce qu'il m'avait semblé qu'étaient déremboursées les médications de confort uniquement.
Et puis moi qui essaie de faire passer cette putain de trachéite, à chaque fois que je vais chez l'ORL (outre le dépassement, of course, merci bien), je reviens avec une ordonnance sur laquelle j'ai toujours au moins quinze ou vingt euro à payer. Loue-t-on une machine pour traiter par aérosols (les chanteurs comprendront) ? pouf, dix euro à payer (encore que pas dans toutes les pharmacies, mais on n'a pas su m'expliquer pourquoi...). Prend-on un anti-inflammatoire léger (j'entends : qui ne soit pas de la cortisone...) ? pouf, dix autres euro. Prend-on un traitement immuno-stimulant ? pour, encore trente euro qui partent.
Depuis deux mois j'ai dû en être pour 200 euro de ma poche. Alors je suis en mesure de clamer que oui : se soigner en France est déjà un luxe...

vendredi 16 mai 2008

Eau-de-Feu

Je ne suis pas du genre à lire le dernier Modiano ou le dernier Nancy Huston. De toute façon je ne lis qu'en poche : ça prend moins de place à ranger et surtout c'est moins cher - ce qui, quand on est un gros lecteur, doublé d'un rapia, n'est pas un moindre argument.
Mais là, j'ai lu le dernier Nourissier. En espérant que ce ne soit pas le dernier dernier... François Nourissier a plus de 80 ans et une santé moyenne, alors...
En fait, j'ai lu une bouleversante interview de l'écrivain dans un magazine, L'Express je crois, "mis à ma disposition" dans une chambre d'hôtel, le mois dernier. Nourissier y racontait sa difficulté à travailler avec la maladie, sa volonté de continuer pour "tirer encore dix ou vingt bonnes pages de ces mains" - et le déclin de sa femme dans l'alcoolisme, la noirceur de cette déchéance qui est le sujet du texte publié.
Pas vraiment un roman, donc. Pas non plus une autobiographie, puisque l'épouse est travestie en Reine et l'époux, et écrivain, en Burgonde. C'est une suite de récits courts, comme autant de chapitres dont les lignes pourraient se lire à part du reste du livre. Ils décrivent l'alcool, ses errances, les rémissions et les suspicions de l'autre, celui qui regarde - et surtout la responsabilité d'icelui, comment l'alcool festif peut devenir un ennemi absolu lorsqu'il devient addictif. Ce livre questionne beaucoup et, comme on dit, sans concession, le couple, le long cours du couple - et le vieillissement, les retranchements successifs que d'autres décrivent : "je suis dans une soustraction" dit Nourissier. De tout ça naît un livre bouleversant, dur et fort.

François Nourissier, Eau-de-Feu, NRF Gallimard ; 181 pages, 15,90 €

mardi 13 mai 2008

l'ombre d'un if

Quand on arrive de Paris à Angers, au moment où la dame du train annonce que "nous arrivons à Angers Saint-Laud", il suffit de tourner la tête à droite : c'est là le Cimetière de l'Est.
A chaque fois je regarde, et ma pensée va vers Emmanuel, mon premier prof de chant - un enseignant et un homme vraiment extraordinaire, solaire et rayonnant. Emmanuel est mort très brutalement d'un cancer, en août 1995, laissant plein d'élèves et d'amis démunis. Il avait 46 ans et en paraissait 35. J'ai réalisé il y a très peu de temps qu'il avait l'âge de mon père. C'est lui qui a planté la graine qui a donné les qualités qu'on vante aujourd'hui chez moi : la clarté et la précision de la diction, l'accent mis sur la compréhension à tout prix du texte chanté.
J'ai tellement pleuré sur sa tombe ! j'y suis allé toutes les semaines, chaque jeudi, pendant des mois avant de réaliser que son souvenir était dans ma tête, mon coeur et mon chant plutôt que sous cette dalle de marbre - et j'ai donc cessé d'y aller.
Samedi dernier j'étais à Angers pour un mariage et, comme j'avais deux heures à attendre, j'ai décidé de retourner sur la tombe d'Emmanuel, au Cimetière de l'Est. Je me rappelais bien de la dalle au bord d'une allée, sous un grand if, non loin de l'immeuble de logements sociaux d'où on avait entendu une chanson de Gainsbourg, très fort, pendant la mise en terre.
Je n'ai pas su retrouver la tombe d'Emmanuel. J'y ai pourtant passé plus d'une heure, faisant et refaisant toutes les allées d'un bout à l'autre, reconnaissant les lieux - mais incapable de localiser la tombe. Le bureau des renseignements était fermé, je n'ai pas su le trouver : c'est très dur pour moi de me dire que j'ai pu oublier où était cet homme si déterminant dans ma vie.

mercredi 7 mai 2008

en danger

Cette information ce matin sur France Inter : "le conducteur du bus qui a accidentellement renversé et tué une jeune femme qui roulait à Vélib vendredi dernier a été mis en examen pour homicide involontaire. D'après les premières constatations de l'enquête, il n'aurait pas laissé une distance suffisante en dépassant la cycliste".
Alors voilà : quiconque a jamais fait du vélo dans Paris sait qu'il est le malvenu - les chauffeurs de taxi qui klaxonnent et qui accélèrent en passant, les scooters qui passent comme des tarés dans les files, les piétons qui regardent pas quand ils traversent et qui marchent allégrement sur les bandes cyclables (et qui vous insultent ou font comme s'ils étaient outrés quand vous le leur signalez), les automobilistes qui considèrent que les bandes cyclables sont des parkings ("j'en ai pour une minute")... je pensais que les chauffeurs de bus étaient plus prudents, quand même. Il en va de leur métier, et ils ne gagnent rien à aller plus vite.
En même temps, ne soyons pas naïfs : quiconque roule à vélo voit souvent des gens qui se mettent en grand danger, en fonçant comme des fous au feu qui passe au rouge, par exemple. J'ai beau faire très gaffe (d'autant plus maintenant, vous pensez...), je prends parfois un sens interdit sur cinquante mètres (pour tout un tas de bonnes raisons que je n'exposerai pas ici !), ou je roule sur le trottoir.
Mais faut dire aussi que le mec qui a réglé les pistes cyclables dans Paris a eu le sens de l'humour (noir) : comment on fait quand on a une piste à droite et qu'on veut tourner à gauche ? on attend que les gentils automobilistes nous laissent passer ? et, mieux encore : comment on fait quand, en tournant dans une rue, la piste cyclable change de côté, se matérialisant subitement à gauche- on transplane ? ou on compte, une fois encore, sur le civisme et la gentillesse des automobilistes ?...
J'aime rouler à vélo dans Paris, mais il faut bien reconnaître que c'est très dangereux. Comme me dit mon ami Geoffroy : "toi aussi, tu es donneur d'organes ?"...

dimanche 4 mai 2008

in memoriam

Aujourd'hui en répétition, cette question :
"tu sais que Françoise C. est morte avant-hier ?
non. Elle était malade ?
elle était en Vélib et a été écrasée par un bus."
Françoise C. était une collègue violoniste que je ne connaissais pas très bien. Nous avons fait un disque ensemble, l'été dernier. Il me semble que je vois son visage - mais je n'en suis pas très sûr, et ça me fait de la peine de ne même pas le revoir précisément.

vendredi 2 mai 2008

beurk

entendu aujourd'hui sur I-Télé : certains claviers d'ordinateurs sont plus crades que des cuvettes de toilettes.
je savais bien que je mettais ma vie en danger en écrivant ces Lapineries...

jeudi 1 mai 2008

deux jours à tuer

Comment parler d'un film dont on a détesté les deux tiers puis qui nous a profondément ému ?...
Je suis allé hier avec Olivier voir Deux jours à tuer, le nouveau film de Jean Becker, avec Albert Dupontel dans le rôle principal.
J'aime bien les films de Becker d'habitude, leur côté vieille France, avec Suzanne Flon, André Dussolier ou Jacques Villeret. Effroyables jardins est pour moi un bijou de justesse et de sensibilité, par exemple.
Eh bien Deux jours à tuer est raté, totalement raté. Mais alors totalement, et dans les grandes largeurs : les deux premières scènes, le monologue du mari (Dupontel) puis de sa femme (Marie-Josée Croze, magnifique), sont de grands moments de solitude, des textes surécrits absolument impossibles. La troisième scène, le grand dîner au cours duquel le personnage joué par Dupontel dézingue tous ses amis, est tout aussi impossible, tellement théâtrale dans le plus mauvais sens du mot que, là non plus, on ne peut pas y croire une seconde.
Et puis il y a la dernière partie, qui se met petit à petit à flots (il était temps : je n'avais pas quitté la salle pour l'unique raison que j'étais en milieu de rang et accompagné...), où la douce mécanique de Becker se met à jouer sa petite musique. Impossible de raconter la fin sans casser tout le film mais - disons que le dernier quart d'heure vaut qu'on attende, même en pestant, et que le générique, une chanson formidable chantée (vécue intensément plutôt...) par Serge Reggiani, nous laisse pantelants de tristesse.
Bien finir, on nous disait tout le temps en cours de méthodo - ében Deux jours à tuer se conclut merveilleusement, après une heure d'agacement. C'est beaucoup.