vendredi 5 septembre 2008

retrouvailles mauriaciennes

Je suis un grand lecteur et, partant, j'achète beaucoup de livres. Mais je déteste abîmer mes livres et, du coup, je déteste acheter des livres abîmés : c'est donc rarissime que j'achète des livres d'occasion.
C'est pourtant ce qui m'est arrivé il y a une dizaine de jours à Toulouse : sur un marché, un livre m'a tendu les mains et m'a dit "achète-moi". Je l'ai fait. C'était rien d'autre qu'un petit livre de poche, édition que je n'aime pas beaucoup d'habitude - mais son odeur de vieux livre et de bibliothèque s'accordait bien avec le nom de son auteur : François Mauriac, qui sent lui-même beaucoup la vieille bibliothèque...
Il faut dire que pendant mes études de Lettres, j'ai étudié deux années de suite Mauriac, avec un prof dont les cours étaient prêts depuis 10 ou 15 ans, et qui ne faisait même pas semblant de les adapter. Bernard Chochon s'appelait l'inénarrable, et sous sa conduite, Mauriac avait tout d'un vieux catho verbeux.
C'est donc fort surpris que j'ai acheté La Fin de la Nuit, de François Mauriac, dans une édition du Lirve de Poche datée de 1963. Un joli livre avec une tête de femme peinte sur la couverture, et dans la couverture duquel il est écrit "le Livre de Poche paraît toutes les semaines".
Il paraît que ce livre était une manière de suite à Thérèse Desqueyroux, autre roman mauriacien qu'il me semblait bien avoir lu - mais il y a tellement longtemps que je suis allé chez le bouquiniste le plus proche pour l'acheter et le relire (l'expérience prouvera que je l'avais déjà, survivance d'une autre époque où, visiblement, j'avais déjà bien aimé ce texte).
Eh bien voilà, que ce soit dit : Bernard Chochon, acceptez mes plus plates excuses : François Mauriac n'est pas le vieux con verbeux que vous nous avez présenté. Il est au contraire, dans Thérèse Desqueyroux, un magnifique compositeur d'intrigue (Thérèse, qui n'a pas été reconnue coupable de l'empoisonnement de son mari, prépare dans la voiture qui la ramène vers celui-ci son explication, et sa défense) et, dans La Fin de la Nuit, où l'on retrouve une Thérèse vieillie et mourante en prise avec les dernières affres de la passion amoureuse, un très fin observateur de l'âme humaine.
Ni ici ni là aucun Dieu salvateur, aucun vieux christianisme ranci (il me souvient d'un Mystère Frontenac particulièrement pénible à ce sujet...) - mais au contraire une prose d'une limpidité et d'une beauté vraiment remarquable. Je suis heureux d'avoir renoué avec François Mauriac, et j'ai hâte de me replonger dans d'autres de ses romans.
Tout ça grâce à un vieux Livre de Poche acheté sur un marché toulousain un matin d'enregistrement...

6 commentaires:

Samuel a dit…

J'étais un peu comme toi avant: je n'aimais que les livres neufs, qui n'avaient jamais été ouverts. J'avais l'impression que si quelqu'un lisait le livre avant moi, on me volait un peu de l'histoire. De ce fait, je ne prête jamais un livre que je n'ai pas encore lu.
Aujourd'hui, j'ai un peu changé mon rapport aux livres d'occasion. Plus le temps passe, et plus j'aime ces livres un peu cornés, dont la tranche a déjà été cassée par un autre lecteur, ces pages jaunies. Finalement, j'aime cette idée que non seulement les histoires, mais aussi les objets qui les contiennent, survivent au temps...
Bonne lecture!!

Anonyme a dit…

J'ai toujours adoré "Thérèse Desqueyroux" et sa suite "La fin de la nuit"
Bon, j'ai des circonstances atténuantes, je suis au quart Bordelais, lol.

Anonyme a dit…

il était où ce prof à bx ?

lelapingivré a dit…

ce prof n'était pas à Bordeaux, mais à Angers !

Anonyme a dit…

attends y un truc que comprends pas tu me dis que chochon en parlais comme d'un vieux con verbieux, et qd tu vas sur google tu trouves plein de truc écrit pas lui sur mauriac!!!




delphine

lelapingivré a dit…

ah mais c'est certainement un grand spécialiste de Mauriac, Bernard Chochon. Mais ses cours, sur "Le Mystère Frontenac" justement, étaient particulièrement pénibles, et pas très intéressants - l'avis était assez unanime. C'était il y a quinze ans, et mon regard a certainement un peu changé et sur Mauriac - et sur les cours au cours duquel on m'en a parlé. Je me suis d'ailleurs excusé dans mon billet !