vendredi 19 septembre 2008

un temps que les moins de 20 ans...

Je ne sais pas comment c'est ailleurs qu'ici - mais à Paris, il y a une sorte de gang des organistes : ils se connaissent tous, se refilent des plans ("si tu accompagnes ma messe de samedi dans telle paroisse je pourrai aller jouer dans telle autre parce que le titulaire joue à Saint Louis en l'Île pour remplacer Benjamin") et ont un argot bien à eux : "j'ai fait quatre soudures ce week-end" (i.e. : j'ai joué pour quatre mariages), "en 2003, j'ai fait plus de viande froide que jamais auparavant" (i.e. : j'ai joué pour plein d'enterrements).
Hier, j'ai donc fait une viande froide - quelle horreur ce mot : j'ai chanté pour un enterrement. Évidemment, j'ai fait les soudures (ça, c'est plus rigolo !) de tous mes amis, mais là c'était une commande, quelqu'un que je ne connaissais pas m'ayant demandé de chanter pour la cérémonie d'enterrement de l'un de ses amis. Étrange, parce que les enterrements me mettent toujours mal à l'aise...
Après moult péripéties pour contacter un organiste (je veux dire : un qui soit libre), je me rends à l'église dite à l'heure dite pour répéter un peu avec celui qui allait accompagner la cérémonie : l'ancien titulaire (parce qu'on est titulaire d'un orgue), désormais à la retraite et titulaire honoraire - "je n'ai jamais autant travaillé que depuis trois ans que je ne travaille plus", me dit-il !
On ne se connaissait pas, alors il me demande si je suis un habitué des charges liturgiques et, devant ma réponse négative, me demande ce que je fais, alors.
"Concertiste", lui réponds-je.
"Ah, très bien ! et vous chantez au Choeur de l'Opéra ? ou à l'O.R.T.F. ?"

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu sais les soudures, c'est aussi l'argot des employés de mairie, et la viande froide celui des croque-morts!

Dans quinze jours, je vais aller écouter le (grand) organiste titulaire de St-Eustache dans l'église à côté de chez moi, on ne le voit plus guère dans sa paroisse mais il multiplie les concerts ailleurs, on peut facilement deviner pourquoi!

Quant à celui qui t'a demandé si tu faisais partie des choeurs de l'ORTF, quelle était l'épaisseur de sa couche de poussière?

C'est un plaisir de te lire Karnickel

Mambrino

lelapingivré a dit…

la couche de poussière était inexistante : ce musicien était vraiment excellent, et j'ai pris, malgré les circonstances, beaucoup de plaisir à faire de la musique avec lui.

Anonyme a dit…

J'aime bien ces gens hors du temps, qui ont oublié de vraiment se moderniser. Qu'importe d'ailleurs, j'ai l'impression qu'ils ont une richesse que l'on ne trouve peut-être plus très souvent. Être en décalage dans le passé, c'est peut-être aussi un moyen de ne pas s'uniformiser dans un présent aseptisé, non?!